Paradoxe : association de deux faits, de deux idées contradictoires. Ce mot colle parfaitement à la situation de connaît La Vallée depuis quelques mois. En effet, n’est-il pas paradoxal que la fusion (de communes) crée la division (de la population) ? Depuis l’acceptation de la convention de fusion par les 3 Conseils communaux (28 mai 2024), les choses se sont précipitées et les Combiers se sont dissociés. Jusqu’alors, tant que ce projet n’était qu’une vague idée, une affaire brumeuse sans autre intérêt que celui de l’ignorer, personne ne se souciait de quoi que ce soit. Et La Vallée entière baignait dans toute la quiétude qu’offre son écrin. Personne ne soupçonnait personne d’être pour ou contre cette chose. Hormis les auteurs du projet, les autorités et autres laborieux de la chose, personne ne croyait que ce dessein verrait le jour… un jour. Et ce, malgré les informations sur l’avancée du projet émises par les autorités qu’on classait dans le casier « à l’étude ». Jusqu’à ce fatidique
28 mai, quasi personne n’engageait la discussion sur l’éventualité de cette fusion. Et La Vallée allait son petit bonhomme de chemin, sans autres écueils particuliers. Ça, c’était avant.
Et maintenant ? Depuis ce 28 mai, la physionomie combière a changé. La sérénité a cédé la place à l’inquiétude ; la paix aux conflits (d’idées surtout) ; l’unité au morcellement. Ce n’est pas la guerre, bien sûr. Ni même la guéguerre, bien entendu, hormis celle des mots, petites phrases ou autres arguments. Il y a dès lors comme un malaise. La fusion est dans toutes les têtes. Toutes les bouches, même. « T’es pour ou contre » ? Même plus besoin de préciser. La réponse est hésitante, presque à mots couverts. Il n’y a pourtant aucune honte: les «anti» ont leurs raisons, les « pro» les leurs. Les « Chais pas encore, j’hésite» ont certainement déjà leur réponse, mais n’osent la donner ouvertement, oralement, par crainte d’être dans le mauvais camp. Osons croire que ces indécis la glisseront dans les urnes.
Prospérer dans la continuité
Les Combiers, fiers de leur Vallée, mais aussi et surtout de leurs communes et villages, souffrent d’un mal inoculé par cette (trans)fusion : la sécession. La belle harmonie combière dissone, la fraternité combière divorce. Bref, les secousses ressenties à la Haute-Combe présagent d’un séisme dont les dégâts seront visibles longtemps encore. La population endosse dès lors une énorme responsabilité et l’orientation du vote du 22 septembre va déterminer l’avenir de La Vallée : prospérer dans la continuité ou avancer dans l’inconnu ? Sans aucun doute, la réponse réside dans la première proposition. En effet, pourquoi changer quelque chose qui fonctionne bien ? La finalité de cette opération n’est-elle pas un acte davantage terre-à-terre qu’une urgence vitale? En triant les arguments, en jaugeant les prétendus avantages, il est évident que cette fusion n’est autre qu’une absorption (ce mot en est d’ailleurs synonyme, avec d’autres : fonte, liquéfaction, amalgame, combinaison, interpénétration, mélange, regrou-pement, concentration, intégration, mariage).
Dès lors, n’assisterions-nous pas à une sorte d’OPA – Ordonnance Pour Absorption – orchestrée par la grande commune ? Dans quel but ? Nul ne sait précisément. Les promoteurs de ce bouleversement sont-ils in extenso persuadés du bienfondé de cette transmutation ? Quel crédit accorder aux belles paroles des « pro-fusion » ? Quelles garanties sont-ils en mesure de fournir quant à la réussite de leur ambition ? Sont-ils à ce point visionnaires et sûrs de leur affaire qu’ils peuvent promettre que les villages/fractions de commune vont perdurer ? Quel taux d’imposition d’ici à trois-quatre ans? Sur quelle base s’appuient-ils pour affirmer qu’un seul syndic aura autant de poids que trois devant les autorités cantonales ? Autant de questions (et il y en a d’autres) auxquelles ils ne peuvent répondre puisque, pour l’heure, ce projet pharaonique n’est qu’un rêve pour certains, un blasphème culturel pour d’autres. Pour une Vallée saine, vigoureuse, belle à vivre; pour des communes vivantes, autonomes et fières, un mot suffit : « NON » sur le bulletin de vote du 22 septembre prochain.
Pour les 3 communes
Jean-François Aubert
www.pourles3communes.ch