Les épidémies ont depuis les débuts de l’humanité opéré une régulation des populations, comme les guerres plus tard. L’humain s’est peu à peu affranchi de ses prédateurs naturels; la nature a donc trouvé d’autres moyens pour enrayer une prolifération de l’espèce.
L’origine des vaccins remonte à quelque 600 ans, ce qui montre que les humains ont toujours essayé de se soustraire aux lois de la nature.
En 1717 Lady Mary Wortley Montagu dans une lettre écrite à une amie parle de la lutte contre la variole, maladie qui terrorisait à l’époque les populations. Lady Mary décrit les inoculations de variole par les médecins ottomans. Fascinée par la méthode, Lady Mary la fait connaître en Grande Bretagne et persuade le roi George Premier de faire vacciner ses petits-enfants, avec succès lorsque l’épidémie de variole éclate en 1721. En Suisse, on vaccine depuis 1750.
1796 vaccin contre la variole bovine
1885 vaccin contre la rage
1885 vaccin contre le choléra
1890 vaccin contre le tétanos
1894 vaccin contre la diphtérie
1896 vaccin contre le typhus
1912-1914 vaccins contre la coqueluche
1937 vaccin contre la fièvre jaune
1955 vaccin contre la polio
1960 vaccin oral contre la polio
1963 vaccin contre la rougeole
1967 vaccin contre les oreillons
1969 vaccin contre la rubéole
1971 vaccin ROR: rougeole, oreillons, rubéole
1973 vaccin contre la méningo-encéphalite à tiques
1974 vaccin contre la méningite à méningocoques
1981 vaccin contre l’hépatite B
1985 vaccin contre hémophilus influenzae de type B (la grippe)
1995 vaccin contre l’hépatite A et la varicelle
2006 vaccin contre le papillomavirus humain
2020 premiers vaccins contre Covid-19
Cette longue énumération doit nous montrer les efforts faits par les chercheurs pour soulager les humains des attaques de la nature destinées à enrayer les effets d’une surpopulation.
Avant l’apparition du sida et du covid 19, les humains pensaient maîtriser les maladies infectieuses. Elles représentent toujours un grand danger, aggravé par la mondialisation.
Les vaccins contre le Covid 19 ont prouvé leur efficacité et leur innocuité, même si le risque zéro n’existe pas en médecine.
Quelles sont alors les motivations de ceux qui s’opposent à une vaccination?
– Je perds ma liberté. Quelles libertés nous restent-elles actuellement? essayez de rouler à 200 km/heure parce que c’est votre bon vouloir et que vous estimez ne représenter aucun danger. Les autorités vous remettront à l’ordre avec sévérité afin de protéger les conducteurs responsables.
– Je refuse d’introduire dans mon corps des substances étrangères dont on ne connaît pas encore les effets à long terme, mais je mange en toute confiance de la nourriture contenant des adjuvants, des conservateurs, des pesticides, fongicides et autres substances que l’on m’assure inoffensives, alors qu’elles sont parfois déclarées dangereuses au fil du temps.
– Il n’y a pas assez de recul pour connaître les effets d’un vaccin créé si rapidement. Je suis en bonne santé et ne risque rien.
– Je refuse d’obéir à l’autorité qui veut me contraindre à faire ce que je ne veux pas faire par simple esprit de rébellion.
Je doute que ces opposants veulent laisser la nature faire son devoir de régulation de l’espèce humaine, car la régulation est bonne pour les autres et pas pour nous-mêmes.
La rébellion caractérise bon nombre d’humains qui veulent se battre contre toute forme d’autorité qu’ils accusent de discrimination, d’injustice et de mensonge. Plutôt que de contester des mesures sanitaires, dont on peut certes discuter des points de détail, qui ont fait leur preuve, mieux vaudrait garder cette énergie guerrière pour de vrais objectifs tels le climat, les inégalités sociales, l’accaparement des richesses, etc.
On s’aperçoit, si l’on se réfère à la liste des vaccins précitée, que depuis plus d’un siècle ces vaccins ont sauvé des milliers de vies et épargné des souffrances terribles: le tétanos, la rage, les méningites et la variole à titre d’exemples. A l’époque on ne contestait pas le bien-fondé des vaccinations, on y allait sans penser aux effets secondaires ni à un abus d’autorité.
Alors pourquoi tant d’obstination à contester un vaccin à ARNm, celui utilisé en Suisse, dont le principe est connu depuis plus de 20 ans, l’efficacité jamais atteinte par d’autres vaccins, les effets secondaires minimes et répertoriés sur des centaines de milliers de personnes? Ecoutons les explications de scientifiques honnêtes et compétents plutôt que les élucubrations d’ignorants sur les réseaux sociaux. On sait depuis longtemps qu’il faudrait idéalement un taux de vaccination proche de 100% pour éradiquer une épidémie, mais que 80% c’est déjà bien; nous n’y sommes pas encore.
Dr Patrice Francfort vétérinaire