En février dernier, Madame Valentine Python, qui bénéficie d’une double formation en sciences sociales et en climatologie, nous avait présenté les causes et les effets du réchauffement climatique. Sa conférence portait sur le réchauffement global et les menaces qu’il fait peser sur l’habitabilité de notre planète, mais aussi sur les spécificités suisses du phénomène, en particulier dans les régions de montagne et les massifs forestiers. Au terme de son exposé, plusieurs personnes ont exprimé le désir de l’entendre sur les solutions à envisager pour contrecarrer cette menace existentielle pour la planète. Valentine Python a aimablement donné suite à cette demande et a donc traité ce thème dans sa conférence du 11 novembre.
L’oratrice a d’abord résumé les données présentées ce printemps sur l’effet de serre et ses conséquences. Phénomène naturel qui contribue à rendre notre terre habitable, le réchauffement planétaire s’emballe depuis près d’un siècle à cause des émissions de gaz à effet de serre issues des activités humaines. Ses conséquences catastrophiques sont évidentes et font la une de l’actualité à intervalles de plus en plus rapprochés.
Atténuer les effets du réchauffement et s’y adapter tout en préservant les ressources naturelles les plus importantes: c’est encore possible et c’est impératif pour préserver une planète vivable. Or cela présuppose de comprendre la provenance des émissions de gaz à effet de serre et comment les freiner de la manière la plus efficiente. Si l’on considère les six plus gros émetteurs de CO2 (Chine, USA, Union européenne, Inde, Russie, Japon), on voit d’emblée que les causes en sont très disparates : démographie, sources d’énergie, politiques industrielles et des transports, gestion des territoires et de l’habitat, pratiques agricoles, modes de consommation. De plus, au sein même des pays, il y a des inégalités souvent très prononcées entre couches sociales quant à leur contribution aux émissions. Enfin les acteurs économiques sont eux-mêmes extrêmement inégaux. Ainsi 100 entreprises publiques et privées ont été, de 1988 à 2015, responsables de 71% des émissions industrielles mondiales. C’est dire si les actions à entreprendre sont diverses et impliquent de nombreux changements sociétaux et économiques, coordonnés avec des évolutions technologiques.
Depuis l’échelle des continents jusqu’aux actions les plus locales, l’atténuation et l’adaptation se jouent à tous les niveaux. S’agissant de la Suisse, Valentine Python trace un tableau en demi-teinte. Les émissions directes sur le territoire suisse sont en diminution depuis une décennie mais les émissions dues aux importations et aux voyages aériens détériorent ce bilan positif, si bien que l’empreinte écologique de notre pays est médiocre en comparaison européenne. Le secteur automobile est un exemple intéressant de ces effets paradoxaux. L’efficience énergétique des véhicules s’est fortement améliorée mais l’augmentation du nombre et du poids des automobiles dans notre pays tend à annuler ce progrès.
En Suisse, les principaux secteurs d’opportunité pour l’atténuation/adaptation sont les transports, le bâtiment, l’industrie et la consommation, ainsi que l’agriculture et l’alimentation. Dans chacun de ces domaines, les progrès dépendent de modifications des comportements collectifs et individuels dans le sens d’une sobriété qui n’a pas à être punitive, mais repose sur un usage plus rationnel et plus équitable des ressources, ainsi que sur les principes de l’économie circulaire. Ces changements sociétaux iront de pair avec le développement de technologies novatrices. Parmi tant d’autres on peut citer l’usage de l’hydrogène blanc (hydrogène géologique non fossile) et les negative emission technologies visant à capter le CO2. Car face à l’urgence climatique, cela n’a pas de sens d’opposer le « tout technologique » au « tout sociétal » ou au « tout vertueux ». Il n’existe pas de solution miracle à sens unique. C’est la convergence entre le progrès des connaissances, les innovations technologiques et les changements profonds dans les comportements et dans les politiques publiques qui nous permettra de ne pas désespérer de l’avenir.
Connaissance 3