Monsieur le Conseiller du Canton de Vaud
Monsieur Vassilis Venizelos
Chef du Département de l’environnement
Château Cantonal
1014 Lausanne
Les Bioux, le 28.08.2024
Monsieur Le Conseiller d’Etat,
En début d’année, je vous avais transmis un écrit au sujet des loups et du pastoralisme, votre réponse ne m’avait pas convaincu, et votre position n’a guère évolué.
Il y a une quinzaine de semaines que le bétail a regagné les alpages, et déjà 50 bovins dévorés dans le Jura Vaudois… 20 selon les instances cantonales.
Notre avant-dernière a été pendue en bordure de route, les réactions sont nombreuses et choquées, entre les paroles et les écrits, et la vision des carnages la différence est de taille. Sans parler des recherches pour trouver les cadavres d’animaux que l’on a soignés et veillés pendant leur temps de vie : dévorés de partout, manquant une jambe et cuisse emportées pour nourrir les jeunes, où seule la clochette ensanglantée n’est pas cassée, des démarches qui nous laissent abattus et démoralisés.
Qu’est-ce qu’il faudra pour que ces carnages cessent ? Que je me pende avec un loup aux abords de la route à la vision de tous ?
Et bien je ne vais pour le moment pas encore vous faire ce plaisir, au bout d’une semaine je serais oublié, j’aurais passé pour dépressif, un vieux encombrant et dérangeant, il y a
60 ans que je vis de ce métier.
Ces dernières années nous sommes (seulement) bergers, avec mon épouse, une situation qui pourrait être magnifique sans ces soucis constants, de retrouver une génisse qui a hurlé de souffrances avant de crever sous les crocs des loups.
Et que diraient mes enfants et petits-enfants dont un prévoit des études d’agriculteur dans deux ans.
Quant à ceux qui nous gratifient de judicieux conseils, ils sont invités volontiers à passer un week-end avec nous : si le bétail n’est plus estivé, les montagnes seront après quelques années impraticables et si facilement inflammables.
Les « Je suis désolé » c’est bien gentil mais cela va bien pour les feuilletons américains.
Nous espérons ne pas en arriver à fermer un matin les routes transfrontalières aux cinq mille frontaliers des usines et aux ouvriers des entreprises, et des restaurants d’une partie du canton.
Dans l’attente de décisions concrètes, je vous prie de recevoir, Monsieur Le Conseiller d’Etat, mes respectueuses salutations.
Daniel Rochat
Copie à : Madame la Conseillère du Canton de Vaud Valérie Dittli
Copie aux journaux : Agri, 24 heures, FAVJ.