Biodiversité, petit historique par un paysan aux cheveux blancs

Il y a 50 ans, lorsque nous avons commencé à exploiter un domaine agricole à la Vallée de Joux, les bords de ruisseaux et rivières étaient encore fauchés «propre en ordre».

Puis sont arrivées les directives de protection des cours d’eau. Nous avons abandonné la fauche des berges plus ou moins large pour les laisser aux plantes et aux espèces qui devaient s’y développer.

Aujourd’hui, ces surfaces abandonnées ne donnant pas les résultats escomptés, périodiquement de grosses machines à chenilles viennent débroussailler ces mêmes surfaces aux frais du contribuable, à l’heure où l’initiative soumise au vote prône plus de surface protégée à disposition. Certains oiseaux protégés choisissent d’autres prairies mieux entretenues par l’agriculture, pour venir nicher. Les exploitants qui ont l’honneur d’accueillir ces nids se voient gratifiés d’une interdiction de fauche, et jouent déjà le jeu depuis de nombreuses années, en complément de bien d’autres mesures.

Bords de rivières et bords de routes, la biodiversité est abondante. En effet, les fleurs sauvages foisonnent le long des routes au début de l’été, en particulier des chardons, des rumex et des herbes de Saint-Jacques, plantes envahissantes et toxiques, alors que les agriculteurs ont eux l’obligation de lutter contre ces plantes dans leurs champs.

En forêt, la gestion de la biodiversité me laisse tout autant perplexe. Alors que l’arrivée de quelques loups protégés devait permettre de réguler la dominance des cerfs, on se retrouve avec un nouveau problème massif pour le pastoralisme, sans avoir réglé le souci du départ. Encore des mesures sur lesquelles on perd rapidement le contrôle lorsqu’elles sont mises en œuvre, créant ainsi de nouvelles préoccupations. Bref, faisons confiance à l’agriculture qui a su s’adapter au fil du temps, tout en respectant la nature qui lui est indispensable.

Nous n’avons pas en Suisse les espaces nécessaires pour exaucer les rêves de certaines personnes bien intentionnées.

Pour toutes ces raisons, je dis NON à l’initiative biodiversité.

U. Kämpf
Le Brassus