En étudiant attentivement les documents « Vallée de Joux – Étude de mobilité » du 9 mai 2022 et les documents du préavis municipal 10/2024 « Adoption du volet stratégique du Plan directeur régional des zones d’activités (PDRZA) de la Vallée de Joux » (tous consultables sur le site officiel de la commune du Chenit), je me demande à quoi ressembleront La Vallée et le territoire de la commune du Chenit dans une quinzaine d’années…
A l’échelle de la Vallée de Joux, le PDRZA anticipe à l’horizon 2040 l’accueil de près de 3’950 emplois supplémentaires par rapport aux 7’666 emplois de 2019, soit une augmentation de 50% des places de travail en une quinzaine d’années (augmentation que j’imagine composée d’au moins 90% de pendulaires…), le PDRZA indiquant que « Les perspectives de développer des logements permettant de réduire le pendularisme sont relativement faibles en raison des conditions imposées par le plan directeur cantonal (limitation des potentiels d’habitants dans les zones à bâtir). Dès lors, la maîtrise de la mobilité est un sujet majeur du développement économique. ».
Le rapport de la commission du Conseil communal du Chenit chargée d’étudier le Plan d’affectation communal du Chenit (Préavis 05/2023) indique que «Concrètement, il faut composer désormais avec deux périmètres de centre (intégrant comme point central les gares du Brassus et du Sentier), au lieu de trois, voire quatre imaginés au début des négociations avec le Canton. Ces périmètres de centre, considérés comme bien desservis par les transports publics et proches des commodités, permettent une densification plus importante avec des règles de construction plus souples. Ces périmètres définis se basent sur un potentiel d’accroissement de la population de 1.5% par an pendant les 15 prochaines années pour définir les réserves de terrain tolérées.
Hors de ces deux périmètres de centre, un accroissement de la population de 0.75% par an est pris en compte pour définir les réserves de terrain à bâtir qui pourront être conservées. Résultat des courses, ce sont
20 hectares de terrain qui doivent perdre leur potentiel constructible dans notre commune, en passant en zone de verdure ou en zone agricole. Là aussi, le canton définit clairement les zones qui doivent prioritairement être déclassées. ».
Vu que 20 hectares perdent leur potentiel constructible, où et comment les autorités du Chenit comptent-elles accueillir 1000 habitants supplémentaires d’ici 15 ans ?
D’après le plan du PACom, les parcelles encore disponibles à l’intérieur des périmètres des centres sont pratiquement toutes réservées pour des zones d’activités économiques (en clair : pour l’industrie).
En constatant l’aspect que prend Le Brassus avec les cartons à chaussures géants de CHH aux Ordons Nord ou l’imposant stade Audemars Piguet au Crêt Meylan, le projet de démanteler les écoles de village pour tout centraliser en un site unique à Chez-le-Maître au Sentier, des règles de construction plus souples (je vous laisse imaginer ce que cela signifie…), un bétonnage effréné et le trafic routier qui va encore énormément augmenter, je me demande si j’aurai toujours envie d’habiter dans ce qui devient une zone industrielle (oups, pardon : un site stratégique cantonal) ! Devrai-je installer des murs anti-bruit (cela a déjà commencé près de chez moi…) pour avoir un semblant de tranquillité lors du passage des pendulaires ? Est-ce cela que je souhaite laisser aux générations futures ?
Après lecture des documents concernant l’aménagement du territoire et le développement économique, j’ai l’impression que nos autorités communales déroulent le tapis rouge devant les entreprises et que les habitants n’auront qu’à se « cougner » pour leur faire de la place…
A quand une étude de l’impact de cet aménagement du territoire et de ce développement économique sur la population résidente, le logement, la valeur foncière et l’attractivité générale de La Vallée pour de nouveaux habitants (en particulier des familles) ?
J’apprécierais donc que nos autorités agissent pour un développement sociétal/économique/environne-mental respectueux de notre cadre de vie afin que le slogan «La Vallée de Joux, un art de vivre» garde tout son sens !!
Jean-Christophe Meylan
Le Brassus