Vendredi 12 avril, la Municipalité de L’Abbaye a diffusé le préavis 04/2024 soumettant la convention de fusion des 3 communes de la Vallée de Joux au Conseil communal, le sujet politique phare de l’année dans notre combe qui nous concerne tous. Il est disponible sur le site internet de la Commune de L’Abbaye, sous www.labbaye.ch, Vie politique, Préavis.
Le document décrit les aspects essentiels de la convention et relève dans la conclusion du chapitre 6, Position de la Municipalité, que la convention est « aussi équilibrée et respectueuse que possible des trois communes, de leur population et de leurs autorités ».
Toute fusion n’apporte certes pas que des avantages mais également des désavantages. Dans le cas qui nous préoccupe, il semble cependant que les premiers surpassent les seconds. Citons notamment : une baisse attendue du taux d’imposition communal pour les habitants de L’Abbaye, le plus élevé de La Vallée si ce n’est parmi les plus hauts de notre beau canton de Vaud, de 76% (79% pour le village des Bioux) à 66,5% ; des gains importants dans le cadre de la péréquation intercommunale vaudoise au lieu de pertes supplémentaires sensibles en cas de maintien de la situation actuelle ; etc.
Surprise qui laisse pantois après lecture du document : une majorité de 3 municipaux sur 5, dont deux PLR, s’est prononcée pour le rejet de la convention. Pour quelles raisons ? Mystère total… Aucun argumentaire n’est proposé par les opposants qui permettrait de comprendre tant soit peu leur position.
Après un premier rejet par le Conseil communal en 2012 avant même le début d’une phase d’étude, chercheraient-ils à saboter le processus démocratique de décision populaire sur le projet ? On se perd en conjectures…
Ont-ils peur d’une votation populaire ? De perdre quelque chose dans cette fusion, pouvoir, prestige, privilèges, avantages ? Peur du changement ? Méfiance viscérale envers une plus grande commune possiblement dominante côté vent, comme on l’entend souvent dire ? La population de la Commune serait-elle incapable de comprendre les enjeux « pernicieux » selon certains de la convention et de voter en connaissance de cause ?
Ne serait-ce que pour l’aspect fiscal, il semble que les membres du PLR devraient se féliciter de cette baisse qui pour une fois ne profiterait pas qu’aux industriels, entrepreneurs, propriétaires, millionnaires. Pourquoi pas pour nos contribuables, dont certain en ont probablement plus que besoin ?
Il n’est toutefois pas question ici de remettre en cause le droit de chacun, élus exécutifs et législatifs compris, d’être contre ou pour la fusion, ni de me prononcer personnellement dans un sens ou dans l’autre dans cette tribune. Ce n’est pas mon propos.
Ce qui est en cause ici, c’est que le projet de fusion est d’une dimension politique, économique, sociale et culturelle beaucoup trop importante pour l’avenir de la Vallée de Joux, sa population, ses citoyennes et citoyens, sa jeunesse, ses seniors, ses industries, sa culture et son rayonnement pour que la seule décision des élus de l’exécutif et du législatif d’une commune détermine son sort et le tue dans l’œuf, sans laisser la population en décider démocratiquement.
Une votation populaire est absolument indispensable et s’impose : la population de L’Abbaye doit en décider dans son ensemble. Toute autre décision serait un déni inacceptable et condamnable de la démocratie.
J’appelle les 3 municipaux qui rejettent la convention à s’en expliquer publiquement le plus rapidement possible et à informer par écrit la population de leurs arguments, bien avant la réunion simultanée des Conseils communaux des 3 communes du 28 mai. La population a droit à des explications claires et concrètes.
J’appelle également la Municipalité et le Conseil communal de L’Abbaye à laisser ouvert le processus de décision sur la fusion qui permette l’organisation d’une votation populaire, c’est-à-dire en acceptant la Convention. Le peuple souverain de L’Abbaye doit avoir le dernier mot, quel qu’il soit.
Jean-Jacques Gagnebin
Conseiller communal, Les Bioux
14 avril 2024