Dès qu’un problème semble insoluble par quelque action politique ou raisonnement à même de le résoudre, les instances – tant fédérales, cantonales que communales – ont sous la main une potion qui, ô docte alchimie, dissout le caillot en moins de deux. Cette recette miracle, c’est tout bonnement la taxe (que chacun de nous connaît puisqu’appliquée à un certain nombre de références). Est-ce par manque d’imagination, par inefficacité, ou simplement par absence de volonté que les élus de la Commune du Chenit y ont recours pour essayer enfin de réguler le parcage sur son territoire?
Vouloir c’est pouvoir, dit l’adage. Mais tout laisse à penser que personne de la sphère communale n’a voulu empoigner le problème avec détermination. Casse-tête, peut-être. Mais à tant l’éluder qu’à la fin il revient. A tel point que la grogne des habitants et des commerçants (au Brassus surtout) s’est muée en colère qui semble avoir fait réagir nos édiles. Mais pas de la meilleure des façons: flanquer certains de nos parcs d’horodateurs (taxe) et en assujettir d’autres à une durée limitée relève davantage de la solution de facilité que de la mise sur pied de mesures efficaces et réfléchies. Inutile de revenir sur le co-voiturage qui se révèle un fiasco total. Aujourd’hui, ce type de transport n’en a plus que le nom: tout le monde sait que les «co-voitureurs» et les «co-voiturés» trichent allègrement. Parodie. Et que dire des bus? Trop peu nombreux pour gérer convenablement cette situation.
D’une pierre deux coups
A qui nos élus veulent-ils faire croire qu’ils ont enfin trouvé LA solution contre ces voitures-pirates-ventouses-bouchons (etc.) qui encombrent NOS places (que nous payons déjà avec nos impôts communaux)? Contre qui se bagarrent-ils? Qui ciblent-ils par ces mesures que d’aucuns pourraient voir satisfaisantes? Ne s’agit-il pas bêtement d’un pis-aller savamment concocté qui fait d’une pierre deux coups? Nous faire accroire que l’impasse du stationnement est ainsi réglée et, parallèlement, abreuver la crousille communale par ceux et celles (Communes du Lieu, de L’Abbaye, hors La Vallée, touristes, visiteurs, etc.) qui stationnent leur véhicule normalement et en toute honnêteté? Et pourquoi taxer les places depuis l’Arcadie jusqu’au Rocheray sept jours sur sept? C’est mesquin et futé à la fois.
A n’en pas douter, pas un seul euro ne sera avalé par les parcomètres disséminés sur le territoire. Les usagers à plaques européennes connaissent presque mieux La Vallée que nous et n’auront aucune peine à trouver un chemin dérobé, une place oubliée ou un autre endroit perdu pour camoufler leur véhicule. Ça fera du boulot pour la maréchaussée…
Trop c’est trop
Cette mesure, pas du goût de tout le monde, nous pénalise moralement, voire nous culpabilise, nous les locaux. Comme si nous étions responsables de la situation, de cette surcharge de voitures encombrantes, de cette surenchère de main-d’œuvre. Que toute une commune pâtisse des difficultés que rencontre un village qui ne sait pas résoudre son problème relève de l’arbitraire. Si l’on s’en tient aux véhicules de la localité, aux pendulaires locaux et autres visiteurs ou touristes, les places de parc, certes pas pléthoriques, suffisent en gros à la demande. Comment nos autorités (communales et villageoises) ont-elles négocié avec le(s) (gros) employeur(s) installé(s) dans le village? Ces entreprises veulent-elles jouer le jeu ou jouer à l’autruche? C’est le serpent qui se mord la queue: d’une part, on crée de plus en plus de places de travail (mais, bien sûr, pas pour les indigènes) qui génèrent automatiquement une augmentation de voitures; d’autre part, on patauge pour limiter ou contrôler cet afflux.
Petit su-sucre pour les habitants du Chenit: moyennant l’inscription du véhicule (carte grise) auprès du secrétariat municipal ou du contrôle des habitants, la commune autorise le stationnement gratuit dans les zones avec horodateurs. C’est la moindre des choses!
Jean-François Aubert