Marcher sur la surface de la Terre est une très ancienne façon de découvrir de nouveaux endroits. Ainsi notre ancêtre l’homo sapiens est sorti de l’Afrique il y a plus de quarante mille ans pour conquérir le monde, et apparemment cette envie est encore bien présente chez nombre de ses congénères. L’être humain a toujours eu besoin de mouvement et la marche fut, et reste, la meilleure manière de satisfaire ce besoin. Avant l’apparition des moyens de transport modernes, trains, voitures, avions, transports publics, il fallait marcher pour se déplacer.
De nos jours l’humain, pour une importante majorité, est devenu sédentaire : nous sommes actuellement assaillis d’injonctions comminatoires : vivre sainement, manger des fruits et des légumes, et surtout faire de l’exercice ; d’où l’engouement pour la randonnée qui connaît de plus en plus de succès. Pour mémoire, Aristote dans son école péripatéticienne prodiguait son enseignement en marchant avec ses élèves (mouvement du corps ainsi que du cerveau).
En augmentant le nombre de marcheurs, les humains décident de définir quelques chemins devenus « populaires ».
Ainsi à Zurich dans l’année 1934 la Fédération Suisse de Tourisme Pédestre voit le jour.
Voici ses objectifs :
1. Signaler de manière unifiée le réseau helvétique des chemins de randonnées pédestres.
2. Promouvoir ce nouveau réseau dans toute la population.
Les hôtels, enchantés, proposent à leurs clients ces nouveaux chemins balisés ; le tourisme pédestre démarre officiellement.
La couleur jaune est privilégiée pour les sentiers faciles, car bien visible en forêt, ainsi qu’une flèche jaune avec une pointe rouge et blanche pour la moyenne montagne et les panneaux bleus signalent la haute montagne.
Et la forme ? Une flèche ou un losange selon l’endroit.
Les voici :
L’OFROU (office fédéral des routes terrestres) va s’occuper de ce réseau de sentiers pédestres.
La planification, le montage, le contrôle et l’entretien se trouvent sous son autorité.
Les chemins pédestres incorporés dans les plans cantonaux relèvent de la responsabilité des cantons et des communes.
Les sentiers pédestres sont contrôlés en permanence par des baliseurs qui sont des citoyens volontaires.
Ces derniers ont des secteurs qui leur sont attribués. Ces secteurs peuvent concerner une ou plusieurs communes.
Son but : une signalisation uniforme dans toute la Suisse qui rend les randonnées pédestres attrayantes et sûres. Les chemins choisis devraient se trouver si possible à l’écart des routes à circulation motorisée, sans goudron de préférence.
Cette signalisation est très codifiée : poteaux, arbres, roches, hauteur du signal.
Les rappels doivent être visibles à 30 m.
Les baliseurs se réunissent deux fois par année pour échanger leurs expériences.
Ce contrôle consiste à vérifier :
1. L’état du sentier (trous, végétation etc.)
2. La signalisation (lisibilité, déprédations)
3. La création et la modification des itinéraires avec l’accord de la hiérarchie (Suisse Rando).
4. D’éventuels vandalismes : vol de panneaux, modification de direction, inscriptions sur les panneaux etc.
5. A écouter les randonneurs et leurs critiques. Ils sont pour la plupart enchantés avec parfois des remarques du genre : pourquoi cet itinéraire alors qu’il serait plus facile de passer ailleurs ?
Le baliseur peut choisir ses jours de contrôle ainsi que ses moyens de déplacement.
Avec lui il doit toujours avoir : la peinture, les pinceaux ainsi que l’outillage nécessaires pour le montage et démontage des panneaux de signalisation, sans oublier le matériel de nettoyage
En 2006 se rajoutent des itinéraires pour VTT (panneaux rouges).
Avec cette diversification certains problèmes de cohabitation commencent. Elle s’avère difficile, sinon quasi impossible : elle dépend de la densité de la fréquentation, de la topographie (sentiers sinueux, étroits, abrupts), et du respect des usagers entre eux.
Dans tous les cas la loi stipule que le piéton est prioritaire et que le cycliste doit se manifester et s’arrêter au besoin.
Les endroits très touristiques en montagne rencontrent déjà des problèmes qu’il faut régler au cas par cas.
Ces problèmes s’intensifient actuellement avec la densité des piétons et des cyclistes.
La base c’est le respect entre tous les usagers.
Est bien fou du cerveau celui qui prétend contenter tout le monde et son père.
(Fable de la Fontaine : Le meunier, son fils et l’âne).
Dr Patrice Francfort et Emma Dutruit