Pour faire suite à l’article du Patrimoine-Vallée de Joux du jeudi 23 novembre 2023, le Spéléo-Club de la Vallée de Joux (SCVJ) vient partager par ces quelques lignes plusieurs compléments d’informations sur les connaissances des sources de la Lionne et des Chaudières. De nombreuses expéditions spéléologiques ont permis de mettre à jour les connaissances scientifiques de l’époque.
Le bassin d’alimentation de la Source de la Lionne et des Chaudières est désormais relativement bien connu. Des traçages à la fluorescéine réalisés ces dernières années, ainsi que les nombreuses crues de la Lionne observées démontrent un caractère particulièrement intéressant et réactif de ce réseau karstique. Son bassin s’étend jusque vers les Grandes Chaumilles situées quelque 8500 m au SW de la source. La superficie du bassin drainé est de l’ordre de 20 km2.
Du côté de la Source, la petite grotte des Chaudières peut déborder plusieurs fois par année tandis que la grande ne coule qu’exceptionnellement (février 1990 et janvier 2004). Plusieurs guides et dictionnaires géographiques publiés au XIXe siècle et encore au début du XXe font mention de celles-ci, comme le rappel l’article de Patrimoine de la Vallée. Ces textes s’accordent à dire que ces cavités ont une extension importante. Ces descriptions, bien que fantaisistes, ont toujours suscité la curiosité des spéléologues de la région.
De nombreuses tentatives de plongées ont eu lieu dans les années 1970 mais malheureusement sans réussite en ce qui concerne la Grande Chaudière. Pour la Petite Chaudière, une série de 3 siphons successifs ont été explorés. Une liaison entre les deux cavités est fort probable.
En 1999, sous l’impulsion du SCVJ, une autorisation de pompage du
1er siphon de la Grande Chaudière est obtenue dans le cadre d’une étude hydrogéologique des zones de protections de la source. Un premier pompage fut alors mis sur pied par les spéléologues et fut une réussite. Par la suite, de nombreuses expéditions interclubs (GSL, GSR, GST et SEVJ) seront
organisées lors des hivers 2000, 2001 et 2002 où près de 1200 m de galeries sont explorées et topographiées. Une succession de galeries très labyrinthiques, de puits, de conduites forcées et voûte mouillante amènent à un siphon
terminal pour l’instant inexploré.
Plusieurs essais de traçage ont aussi été réalisés. Lors d’une coloration qui a eu lieu en période de crue sur le pâturage de la Duchatte, la vitesse du traceur fut de 500 mètres heure. Ce qui constitue une des vitesses les plus élevées jamais enregistrées dans la chaîne du Jura. Une autre coloration a eu lieu en 2022, cette fois-ci sur le pâturage du Bucley et qui a confirmé également le lien avec la source.
A l’endroit de cette dernière injection, notre club a découvert cet automne 2023 une nouvelle cavité d’importance. Elle totalise actuellement un développement de 265 mètres pour une dénivellation de 60 mètres.
Des explorations spéléologiques sont encore en cours et le rêve se poursuit dans l’espoir de trouver peut-être la rivière souterraine de la Lionne.
Pour le Spéléo-Club de la Vallée de Joux
David Christen
Denis Meylan
Paul Cardinaux