Le dimanche 4 juin 2023 l’église catholique du Sentier fêtait ses 50 ans. C’était un événement important pour cette communauté religieuse de la Vallée de Joux.
Débutant par une bonne pluie, et finissant par un beau soleil, la fête fut de toute beauté.
La Messe présidée par l’ancien curé de La Vallée, l’Abbé Christophe Godel, marqua le commencement de l’événement.
Suivi par l’allocution du président M. Philippe Kunz qui déroula le programme de la journée. Il remercia la présence du Syndic du Chenit, M. Olivier Baudat et celle de Mme la Municipale Raffaela Cantone Meylan.
M. Kunz termina son discours en remerciant les personnes qui rendirent possible cet anniversaire : M l’Abbé Olivier ; Mmes et MM. : Yolande, Renata, Rosa, Maria, Izabela, Fernanda, Françoise, Valérie, Marie-Madelaine, Surentini, Jupitan, Nuno, Marco, Fernando et tant d’autres pas cités.
Le micro fut reprit par M. le Syndic et Mme la Municipale.
La fin de ces interventions ouvrit la partie gourmande du programme.
Sous une belle tente blanche à côté de l’église, un apéritif et un bon repas réunissaient tous les participants.
A 14h30 la Chorale du Brassus entra en action et plongea toute l’assemblée dans une ambiance de joie. Deux magnifiques accordéonistes suivirent, égayant l’église pendant que nos chanteurs reprenaient leur souffle en coulisses.
Reposée et pleine d’énergie la Chorale du Brassus réintégra sa deuxième prestation en laissant planer un sentiment de gaieté et de partage à travers toute l’assemblée.
La fin de l’anniversaire se fêta avec la plantation d’un prunier, symbole d’Espérance. Tous les volontaires, des plus jeunes jusqu’aux plus âgés, empruntèrent la pelle pour entourer de terre le jeune arbre.
Avec ce geste l’Abbé Olivier Jouffroy nous rappela son ancienne profession : pépiniériste !
Du coup la création de cette église éveilla mon intérêt.
Alors, voilà son histoire :
Peu après la deuxième guerre mondiale, l’industrie de la construction et celle du tic-tac redémarrent fortement et ont un grand besoin de main-d’œuvre. C’est le Sud de l’Europe qui va lui fournir ces travailleuses et travailleurs qui lui manquent tant. Ces futurs ouvrières et ouvriers arrivent par vagues à la Vallée de Joux.
Les Italiens sont les premiers à répondre à l’appel suivis des espagnols et plus tard par des portugais.
Avec eux ce sont d’autres langues, d’autres cultures et naturellement leur religion, majoritairement catholique, qui s’installent au cœur de la Vallée de Joux.
En ces temps, le culte le plus répandu sur cette terre combière est le protestantisme.
Avant l’arrivée de ces étrangers, une petite église au Brassus et une chapelle au Pont (elles-mêmes construites par la générosité de la première vague des italiens), suffisaient amplement au petit nombre de catholiques.
Ces nouvelles arrivées de fidèles se distribuent alors tout naturellement dans ces deux maisons de Dieu.
Le temps passe et en 1963 La Vallée compte près de 2500 catholiques entre Suisses, Italiens, Espagnols, Portugais et autres nationalités. Un bon nombre pour une vallée qui a un total de 7’719 habitants en ce moment.
Vu ce nombre grandissant de fidèles, l’Abbé Jules Badoud avec les membres de la communauté décide de bâtir un espace plus vaste.
Pour ce faire, ils se lancent à la recherche d’un terrain constructible. Finalement, le 14 juin de la même année débute l’aventure avec l’achat d’une parcelle de 10’000 m², propriété de MM. Caillet et P. Zooler.
Des études pour la construction vont suivre. Mais ils se heurtent continuellement à des refus: trop cher ou pas du tout adapté à l’environnement. La construction prend du retard, et l’aventure se voit stoppée pendant quelques années.
Durant ce temps d’incertitude, la Commune du Chenit met gratuitement sa salle du Conseil communal à disposition.
Les années passent et finalement une église préfabriquée située à Bussigny (Lausanne) va attirer leur l’attention.
Pour consolider cette aventure l’Action de Carême entre en jeu. Elle va acheter une quantité raisonnable de ce module pour ainsi réduire fortement le prix de l’unité.
Le module se compose d’un Sanctuaire et de 4 salles, qui seront utilisées comme lieux de rencontre, de réunion, de catéchisme et d’atelier de couture en lien avec des projets humanitaires.
Ayant trouvé une construction relativement bon-marché, l’année 1972 voit le projet se concrétiser, et l’argent commence à affluer.
L’aventure redémarre.
Les autorités civiles apportent un don important, qui va être suivi par l’apport de la Commune du Chenit, par celui des villages du Sentier, L’Orient et Le Brassus, ainsi que par quelques entreprises industrielles situées dans La Vallée et naturellement par les paroissiennes et paroissiens.
Le 6 juillet 1972 la première pierre est posée. Le 2 décembre de la même année on fête son inauguration avec une messe qui consacre le bâtiment en maison de Dieu.
A cette occasion la communauté protestante offre la coupe de l’Eucharistie, symbole d’un bon accueil. Pour compléter le tout une cloche de 500 kg, fondue à Aarau, est ajoutée au bâtiment. Elle s’harmonise ainsi avec les 3 cloches du Temple.
Voici des beaux symboles d’entente et de respect entre les deux maisons de Dieu du Sentier.
En souvenir de l’Abbaye, première église combière, bâtie dans l’année 1120, elle reprend le nom de «Sainte Marie Madeleine». 9 ans ont été nécessaires pour décider de sa construction et en moins de 3 mois elle est sur pied !
L’église catholique s’intègre ainsi solennellement au village du Sentier en même temps qu’elle rassemble chaque dimanche la communauté catholique de la Vallée de Joux tout entière et hors frontière.
Bon anniversaire !!
Emma Dutruit