Il était une fois, un petit garçon qui vivait près de la grande forêt. Ses parents lui permettaient de s’en approcher mais de ne pas y pénétrer seul.
Ce jour-là, il décida comme à son habitude de se rendre à la lisière de la forêt et là, il vit plein de petites fraises fort alléchantes, il commença alors à en ramasser. Miam comme elles sont bonnes, trop bonnes… C’est ainsi qu’il pénétra dans la forêt et conduit par sa gourmandise, il en oublia le temps et même le lieu. C’est seulement, au coucher du soleil, qu’il releva la tête et fut fort surpris, il se trouvait encerclé par de grands arbres qui ne laissaient passer que peu de lumière.
Il prit conscience que la nuit allait tomber, alors, il se mit à crier et à crier et à errer ainsi au milieu de nulle part, exténué, il s’appuya contre un arbre et se mit à pleurer toutes les larmes de son corps.
Tout à coup, dans le bruissement des feuilles, il entendit chanter, non pas le vent, mais une voix légère et rassurante. Le petit garçon se releva et appela à nouveau «s’il vous plaît, s’il vous plaît aidez-moi!»
- e suis là.
- ù es-tu? Je ne te vois pas!
- e suis là, à tes pieds, fais attention de ne pas m’écraser. Ne bouge surtout pas!
- ais tu es tout petit…
- ui, je suis un gnome.
- aouh! C’est la première fois que j’en vois un.
- t toi, qui es-tu?
- e me suis perdu, c’est à cause des fraises. Je ne sais pas où je suis?
- u es dans la plus grande forêt d’Europe.
- ui, ça je le pensais bien. Je suis dans le Risoud.
- on, il va faire nuit tout soudain, je te propose de venir chez moi pour y passer la nuit.
- eu, mais mes parents vont s’inquiéter!
- ous verrons demain pour t’accompagner jusque chez toi.
C’est ainsi que le petit garçon suivit le gnome. Ils arrivèrent dans une clairière illuminée par des centaines de lucioles. Là, se dressait une petite cabane en bois ronds.
- ntre, mais fais attention à ta tête.
- h, mais c’est tout petit chez toi.
- ui, mais c’est bien suffisant pour nous.
- u n’es pas seul?
- on, d’ailleurs, ils vont arriver…
- ui donc?
- es amis.
- ls sont tous, petits comme toi?
- atience, ils vont arriver…
C’est ainsi, que les uns derrière les autres, ils pénétrèrent dans la maison, tout en chantant.
La vue du petit garçon les fit s’arrêter net et ils tombèrent ainsi les uns sur les autres… si petits furent-ils!
- ’est qui lui?
- ous avions toujours dit que nous n’inviterions jamais de grands hommes dans notre gîte.
- ui, mais… il est perdu et je ne pouvais pas le laisser seul toute la nuit dehors!
- on d’accord! Mais qu’allons-nous faire de lui?
- e propose de l’héberger juste pour une nuit?
Le petit garçon se mit à penser… «ils n’ont pas l’air ravi de ma venue!»
C’est alors que l’un des gnomes ouvrit une trappe et les invita à descendre un escalier…
Les yeux du petit garçon s’écarquillèrent, c’était un lieu insolite, un dédale de couloirs qui menait l’on ne sait où? éclairé par des centaines de bougies.
- u t’es perdu une fois à cause de ta gourmandise. Ne te perds pas cette fois à cause de ta curiosité.
- uh non, j’ai eu bien trop peur!
Après le repas, le petit garçon ne se sentait même pas rassasié, car, il avait eu la même quantité à manger que chacun des gnomes. Il se mit à bailler tellement il était fatigué. Il se coucha sur un tas de foin, se couvrit comme il put d’innombrables petites couvertures et sombra dans un profond sommeil.
Le matin, il fut réveillé par une délicieuse odeur de chocolat chaud et le gnome «sympa» l’appela.
(Je l’ai nommé ainsi en pensant aux sept nains. Je ne suis pas Blanche neige, je suis un garçon et je n’ai pas de beau-père ni de belle-mère et je ne me trouve pas très beau et ni très intelligent).
Je me suis perdu à cause des fraises. Un point c’est tout!
- ève-toi Antoine ton petit déj est prêt.
- ’est moi Antoine?
- ui! Tu aimerais peut-être… que je t’appelle «Petit prince»?
- ntoine me va bien et surtout… J’ai une faim de loup. Et je ne suis pas arrivé en avion et ni d’une autre planète!
- Sympa» lui avait préparé ce matin un repas de roi. Il avait pour cela entamé une partie des réserves des gnomes.
- ls sont où tes copains?
- u travail! Depuis un bout de temps, d’ailleurs.
- omment vais-je retrouver ma maison?
- ’ai demandé de l’aide à mon copain. Je vais te le présenter…
- l est petit comme toi?
- l est surtout agile… d’ailleurs le voici.
- ais… c’est un écureuil!
- aconte-nous, comment est ta maison et dans quel village habites-tu?
- ’habite près du centre nordique, euh… Les Grandes Roches au Brassus.
- u connais ça «noisette»?
- on! Mais je vais partir tout de suite et je vais grimper sur les plus hauts arbres pour trouver ce lieu.
- lle ne se trouve pas dans un village… mais près de la Combe, où habite le ramoneur!
- ais au fait, as-tu beaucoup marché pour arriver jusqu’ici?
- e ne sais pas, j’ai perdu la notion du temps, tant j’étais obnubilé par toutes les petites fraises que je pouvais avaler! Je peux venir avec toi?
- on! Tu serais une encouble pour moi.
C’est ainsi que partit l’écureuil chargé de sa besace remplie de noisettes, pour une journée certainement longue et fatigante…
Sitôt l’écureuil parti, «sympa» invita Antoine à l’aider dans son travail: désherber, débroussailler, planter et arroser. Ils firent une pause pour le repas de midi et une courte sieste… Car comme disait «sympa»: «Avec de telles températures, cela devient compliquer de travailler. Il faut aussi savoir se reposer!»
En fin d’après-midi, «noisette» rentra, il n’avait pas la mine du vainqueur…
- lors, tu as retrouvé ma maison?
- h non! Mais j’ai vu des cavaliers qui semblaient chercher quelqu’un ou quelque chose.
- u les as suivis?
- on, ils étaient trop loin, je retournerai demain. Je suis claqué, je vais me coucher…
Ils entendirent chanter et les autres gnomes arrivèrent, pas enchantés de retrouver le petit garçon.
- h! il est toujours là. T’a-t-il au moins aidé?
- h oui! il a bien travaillé.
- ’est un bon point pour lui dit «autoritaire».
- emain, c’est moi qui reste ici et toi (sympa) tu iras avec les autres.
Zut alors, se mit à penser Antoine.
Alors qu’ils le croyaient endormi, Antoine entendit «avare» s’exprimer en disant: «Si ce morveux reste trop longtemps, il va manger toutes nos réserves!»
- e n’est pas grave dit «optimiste» car nous avons assez de réserve de…
Antoine n’entendit pas la fin car, il venait de tomber dans les bras de Morphée.
C’est une voix autoritaire qui le réveilla.
- ebout Antoine, nous avons du pain sur la planche aujourd’hui.
Antoine trouva également du pain dans son assiette… mais pas assez. Il n’osa pas en redemander, car «autoritaire» ainsi qu’il l’avait nommé, lui faisait peur.
Ils partirent un peu plus loin et ramassèrent des petites fraises et des fleurs… avec l’interdiction d’en manger, car… elles étaient pour toute la communauté des gnomes.
En voyant le potentiel que lui offrait la présence du petit garçon. «Autoritaire» ordonna à Antoine d’aller chercher du bois, de le couper et de l’empiler près de la maison.
Ce jour-là, Antoine n’eut pas une minute à lui et il s’écroula sur le foin sans demander son reste.
Une grande lumière réveilla Antoine, il regarda à droite et puis à gauche, mais ne vit rien. Il écouta, mais n’entendit rien. Il se leva et tout doucement fit le tour de la pièce, puis prit un couloir et soudain se souvint des recommandations de «sympa»… «Ma curiosité pourrait me perdre… dans un tel dédale de couloirs.»
Il vit alors une pelote de laine et la déroula ainsi tout le long d’un couloir. Ce couloir le conduisit vers une pièce où des marchandises étaient accumulées, à cette vue, il se sentit moins coupable de manger à leur table, même s’’il n’était jamais vraiment rassasié.
Il s’en retourna en suivant le fil. Prit un autre couloir et tout à coup, son regard fut attiré par une porte cadenassée. Que pouvait-elle bien cacher? Sous son pied, il ressentit une vive douleur, une douleur due à une pierre, il s’en saisit, la mit au fond de sa poche.
C’est alors qu’il entendit du bruit. Vite, il suivit son fil et vite se recoucha sur le foin.
C’est «sympa» qui entra le premier, il vit tout de suite la pelote dépasser de la poche d’Antoine, il s’en saisit et une pierre surgit, alors, délicatement et promptement la mit dans un mouchoir puis dans sa poche.
Les autres arrivèrent…
- l dort encore, demanda «autoritaire»?
- ui répondit «sympa».
- ite réveillons-le, car nous avons une bonne nouvelle à lui annoncer dit «optimiste».
Sur ces mots Antoine ouvrit de grands yeux et dit:
- ous avez trouvé ma maison, mes parents?
- Noisette» lui répondit: «Oui… aujourd’hui je t’accompagne jusque chez toi.»
- oupi! c’est le plus beau jour de ma vie.
- ’est moi qui vais l’accompagner dit «autoritaire».
- our la première fois de sa vie «sympa» insista tant et tant… qu’à la grande surprise de tout le monde «autoritaire» lâcha l’affaire.
- l n’y pas de temps à perdre dit Antoine content du bon dénouement de la conversation.
- ui c’est vrai répliqua «noisette» et «sympa» en chœur: «il est temps de partir!»
C’est ainsi qu’ils partirent. L’écureuil montait de temps en temps dans un arbre jusqu’à sa cime puis leur criait: «continuons, c’est tout bon.»
Ils marchèrent très très longtemps et surtout lentement. Ce fut l’occasion pour Antoine et «sympa» de discuter à bâtons rompus. Le petit garçon ne put s’empêcher de demander: «C’était quoi cette pierre?»
- Sympa» lui répondit: «Oui, j’ai bien vu que tu as découvert notre secret. Je ne l’ai dit à personne afin… qu’ils te laissent partir. Car vois-tu Antoine, nous ne voulons pas que les hommes découvrent notre mine, car cela en serait fini du Risoud, de ses animaux, de la nature. De grosses pelles viendraient tout retourner et mettre tout sens dessus dessous.
Nous observons depuis plusieurs années que la forêt souffre, que notre forêt souffre. Les arbres ont soif et puis, il y a le bostryche… cela suffit comme stress, il n’est pas nécessaire d’en rajouter un autre… Les pelles mécaniques, les pioches… les… »
- Mais, c’était quoi cette pierre? demanda Antoine.
- u li… c’est pour fabriquer les batteries, des téléphones portables, des voitures électriques et… je me demande si cela est bien utile? Trop de portables, trop de stress. Trop de voitures trop de trafic. Trop de trafic, trop de stress. Toujours plus d’électricité oui, c’est cela… toujours plus d’électricité!
- eut-être que la venue du loup va un peu effrayer les gens et cela les retiendra de…
– Tu plaisantes Antoine! Lorsqu’il est question d’argent… même un loup ne fait pas le poids.
St-Ex a écrit: «On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux» et je crois… que je commence un peu à comprendre ce qu’il voulait dire.
- ’est qui St-Ex?
- ntoine de Saint-Exupéry dans l’histoire du Petit Prince.
Tout à coup «noisette» fut près d’eux et leur dit: «nous sommes arrivés!»
- ourrais-je vous revoir un jour?
- e ne pense pas… Tu sais garder les secrets Antoine?
- e ne sais pas…
- lors, il est mieux qu’on en reste là. Prends bien soin de toi.
- ite, cours! Les cavaliers sont là.
- ’est ainsi qu’ils se séparèrent et qu’Antoine fut recueilli puis accompagné. Il retrouva ainsi, ses parents et sa maison.
Epilogue
Mine de rien, il ne raconta pas grand-chose de son escapade, car… il avait compris qu’il mettrait en danger les gnomes et la belle forêt du Risoud s’il venait à parler, et peut-être… ne le croiraient-ils tout bonnement pas?
C.RoYer