Trois semaines après un couronnement royal fastueux, et le soufflé étant maintenant retombé, revenons sur cet événement presque anachronique qui, dans un sens ou dans un autre, a déclenché des passions, contentements ou désapprobations…
À une époque où les inquiétudes sont nombreuses, où les difficultés financières touchent des milliers, des millions de gens, assumer les magnificences d’un couronnement tenait presque de la provocation! Les esprits cartésiens et pragmatiques avaient donc de quoi être révoltés… Pour eux, et l’argument est tout à fait défendable, les millions de livres sterling dépensées auraient certainement trouvé meilleur investissement dans un pays en sérieuse difficulté économique et sociale… Sans compter qu’une partie non négligeable de la population, la jeunesse en particulier, n’a plus guère de sympathie pour la monarchie. Dont acte…
Le royal événement a cependant été accueilli assez favorablement par une majorité de la population anglaise, quasiment toutes classes confondues. Rien à voir avec l’idolâtrie «Queen Elisabeth II», mais tout de même un petit vent de ferveur et un enthousiasme certain, et peut-être aussi un sentiment de fierté! Pensez donc, le monde entier avait les yeux braqués sur Londres! Par ailleurs, cette cérémonie semblait tomber à pic pour rassembler une population désorientée par de nombreuses crises (Brexit, Covid, politique, économique, financière, sécuritaire). Son protocole immuable et sacré, certes d’un autre âge, inspire le respect et la sécurité, des qualités qui malheureusement font souvent défaut aujourd’hui. La monarchie britannique est la seule qui a conservé une cérémonie de couronnement avec ses fastes et traditions. C’est un peu long, assez ennuyeux parfois, mais pas dépourvu de beauté, de grandeur et d’émotion, avec des moments magnifiques, il faut le reconnaître aussi. Le temps d’un week-end, les Anglais, oubliant leurs soucis, se sont immergés dans le rêve ou la boîte à fantasmes; ils ont manifesté leur plaisir, et même leur joie à se rassembler derrière un nouveau roi. Vu de Suisse, c’est assez unique… Mais après tout, chaque pays n’a-t-il pas ses paradoxes?
God save the King!
(Que Dieu protège le Roi)
Michel Hangartner
Vallorbe