Que diriez-vous d’une loi qui oblige le passage au tout électrique d’ici 2050 ? Mieux, que diriez-vous d’une telle loi dans un contexte de pénurie d’électricité ? Encore mieux, que diriez-vous en sachant que cette même loi, d’après une étude de l’EPFZ, ferait passer les coûts énergétiques annuels par habitant de 3’000 francs aujourd’hui à 9’600 francs (non pas par ménage, mais par habitant), ceci dans un contexte d’inflation globale ? Vous ne rêvez pas, c’est bien ce qu’il vous est proposé d’accepter le 18 juin prochain via la « Loi sur le climat ».
Contraignante, démesurée, cette loi manque sa cible et sa mise en œuvre ne viendra qu’aggraver la crise énergétique et économique que nous traversons. Car elle fixe un délai : 2050. Et une mise en œuvre immédiate, avec des objectifs intermédiaires à 2030 et 2040. Le but final étant que dans 27 ans, toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, aient réduit leurs émissions à zéro net ; que dans 27 ans, l’utilisation du mazout, du diesel, de l’essence et du gaz soit interdite en Suisse. Que les propriétaires aient rénové leur logement, avec les conséquences que cela aura logiquement sur les loyers.
Où prendront-elles cet argent, les familles qui peinent déjà à terminer leur mois ? Quant à celles qui le pouvaient, 6600.- pour partir en vacances c’est un grand budget et de belles vacances, et bien désormais, cette somme partira en taxes et frais d’énergie supplémentaires. Comment financeront-elles cette augmentation des coûts, les entreprises déjà mises à mal par la crise du Covid ? Cette obligation du zéro net pour nos entreprises engendrera d’énormes conséquences économiques et conduira à la délocalisation d’activités, avec la perte d’emplois qui s’en suit. Ceci est aussi vrai pour le secteur agro-alimentaire, largement tributaire des énergies fossiles (tracteurs, halles de production, fromageries, conditionnement et stockage des denrées alimentaires) et qui dispose pour l’heure de peu d’alternatives. Les agriculteurs ont déjà consenti à de nombreux efforts dans le domaine, nous comptons déjà 40 fermes biogaz dans le canton ; mais il faut du temps et ne pas précéder la technologie. Cette loi, trop contraignante, ne laisse pas ce temps et conduira à délocaliser plus encore notre production alimentaire ; or ce n’est pas en important les produits dont nous avons besoin que l’on protège le climat. Ceci relève une nouvelle fois de l’utopie idéologique conçue par des politiciens qui, visiblement, sont loin de comprendre la situation concrète des familles et des entreprises suisses.
Mais la réalité nous rattrape toujours. Les années que nous venons de traverser nous ont mieux que personne montré que les fluctuations économiques, politiques et sanitaires ne nous permettent pas de fixer des délais contraignants. Pour rappel, nous ne produisons aujourd’hui que 30% de notre besoin en énergie, étant dépendants de nos voisins pour les 70% restants. Est-il raisonnable de nous rendre encore plus dépendants à une énergie que nous ne produisons déjà pas en suffisance aujourd’hui ?
Pensons d’abord à développer les énergies renouvelables, à moderniser nos capacités hydro-électriques en faisant les choses logiquement, pragmatiquement et non de manière idéologique ou doctrinaire. Il est prioritaire de renforcer notre production énergétique sans foncer tête baissée dans un projet de loi qui ne propose que des interdictions, des délais et des contraintes et qui, au final, manque sa cible.
Pour l’UDC Vallée de Joux
Le comité