Fascinante et complexe, la mythologie grecque a occupé les esprits des anciens durant des siècles. Sûr que, dans vos souvenirs scolaires, quelques noms se démarquent et subsistent, ainsi Zeus, évidemment, mais aussi peut-être Athéna, Apollon, Héphaïstos, Aphrodite et d’autres…
Aujourd’hui le Mont Olympe (point culminant de la Grèce, à près de 3000 m d’altitude) ne fait plus guère référence, de même que les dieux qui y habitaient généralement. Après avoir visionné l’arrivée absolument folle de l’équipe d’Argentine à Buenos Aires, après sa victoire au Qatar, on ne doute pas que l’historique mont sacré a été assurément remplacé par le FOOTBALL, sport simple, populaire et universel. Et dans le football, il y a quelques noms qui brillent : Maradona ?, Pelé ?, Platini, Zidane, Ronaldo, Neymar, Benzema, Mbappé et Messi, le messie argentin vu actuellement comme le Zeus du football ! Ces patronymes sont connus et adulés sur presque l’ensemble de la planète, ce sont tout simplement les nouveaux dieux de l’ère moderne devant qui des foules applaudissent, prient, crient, pleurent, entrent en transe, se prosternent… Fou, fou, fou !!! Ces dieux-là jouent au ballon en étant multimillionnaires alors même que les fans qui les vénèrent sont souvent bien loin de rouler sur l’or ! Et à propos d’or, on peut aller jusqu’à dire que le football professionnel est un peu devenu le veau d’or de notre époque : des milliers et des milliers de gens le portent aux nues et s’y jettent à corps perdu, les écoles de football pour enfants et adolescents sont pleines à craquer, tout le monde rêve de devenir footballeur professionnel… Fou, fou, fou !!! La défaite d’une équipe fétiche déclenche des pleurs, c’est pire qu’une simple catastrophe, plutôt un véritable tsunami ; et la victoire, alors là, la victoire, c’est le graal, la rédemption, on accède même au paradis en revêtant par-dessus le marché le maillot de tel ou tel de ces héros déifiés… Fou, fou, fou !!! Mais oui, plus fort encore, les vrais passionnés de football n’hésitent pas à s’identifier aux équipes et joueurs qu’ils soutiennent ; ainsi, à la fin d’un match, ils diront « ON a perdu » ou « ON a gagné » comme s’ils faisaient partie intégrante de l’équipe, comme si eux-mêmes avaient joué… Fou, fou, fou !!!
Goal, goal ! Sympa tout ça ? Le temps d’un tournoi, d’un match, on oublie la réalité ambiante, on s’identifie même à des héros que l’on peut voir en chair et en os sur son écran TV ou mieux au stade ! Oui, bien sûr, magique et sympathique… Vaut mieux ça que la guerre, c’est certain, mais n’est-ce pas aussi les marques d’une société assez décadente qui, avec excès et sans aucune retenue, place ses valeurs dans des chimères ?
Michel Hangartner
Vallorbe