Monsieur Hangartner,
Merci pour votre point de vue. Les hommes se préoccupant ouvertement de l’éducation des jeunes enfants sont trop rares. A ce propos, il semblerait que cela ne soit pas votre cas, mais je côtoie des hommes qui amènent leurs enfants à la crèche et participent à « certaines tâches » comme vous dites. Je crois savoir que cette contribution est légale, qu’ils la réalisent avec succès et qu’ils se portent bien.
Pour commencer, nous sommes d’accord pour affirmer que la situation actuelle n’est pas très réjouissante. Je m’entends aussi parfaitement avec vous pour dire que le rythme souvent imposé aux enfants en bas âge, de tôt le matin à tard le soir, n’est pas idéal.
Je ne suis par ailleurs pas sûre de comprendre quelles seraient selon vous les solutions possibles ?! Parmi les revendications féministes récurrentes, peut-être trouverons-nous de quoi nous mettre d’accord sur ce qui pourrait améliorer l’état des choses ? Nous pourrions garantir des places de garde en suffisance et de qualité. Permettant que les parents de jeunes enfants puissent travailler selon leur choix, quelles qu’en soient les raisons. Et cela sans regretter de devoir confier les plus petits à des personnes remarquables, mais toujours plus sous pression, dans des conditions se rapprochant de ce que vous nommez comme effréné et tumultueux. Nous pourrions encourager les employeurs à accorder des temps partiels à celles et ceux qui le souhaitent. Nous pourrions attribuer des congés parentaux généreux à toutes et tous, puisque ces premières années sont si importantes pour le développement des enfants. Nous pourrions exiger que le travail (et le « souci » que vous mentionnez) des femmes soit reconnu et justement rétribué, permettant ainsi à certaines d’entre elles d’être plus souvent mères « au foyer » si elles le désirent. Et qui sait, cela donnerait alors peut-être même des idées à de futurs hommes « au foyer » ?
Est-ce qu’une de ces propositions vous semble raisonnable ? A moins que vous ne soyez « indirectement ou inconsciemment formaté » à vous opposer à toute idée quelque peu féministe ? A moins que la seule solution ne soit que toutes les femmes, une fois devenues mères, restent à la maison ? Pourquoi ne le font-elles pas, alors qu’elles détiennent le pouvoir de régler ainsi tous les maux rencontrés par les enfants et les jeunes de notre société ? Ha non, parce qu’il s’agirait alors d’intégrisme (refus de toute évolution, afin de maintenir la tradition intacte, selon le dictionnaire Larousse). Personnellement, j’assume volontiers une part de féminisme, mais je vous laisse la totalité de l’intégrisme, merci.
Jeanne Trachsel