Ces dernières années, plusieurs milliers de jeunes, en divers endroits de la planète, ont manifesté à maintes reprises leurs inquiétudes face au dérèglement climatique, leur désarroi face à l’inaction des adultes en général, des milieux politiques en particulier. Le problème est d’importance et, sur le fond, on ne peut que leur donner raison, même si ces jeunes flirtent souvent avec des paradoxes gros comme des montagnes (par exemple, ne sont-ils pas de grands consommateurs d’énergie avec leurs smartphones et autres appareils connectés qui fonctionnent à plein régime souvent 24 heures sur 24?) Reconnaissons pourtant que ce sont vraiment les jeunes, mieux peut-être que les scientifiques ou les politiques, qui ont été par leur attitude et leurs messages, les meilleurs lanceurs d’alerte, les ambassadeurs les plus convaincants pour faire prendre conscience qu’une action globale et concertée est absolument nécessaire, et au plus vite!
Dès lors l’impatience de la jeunesse se heurte à un certain immobilisme car, si la conscience du très important dérèglement climatique est maintenant bien là, les solutions pratiques ne sont pas si simples, devant prendre en compte des problèmes complexes et multiples: économiques, politiques, géopolitiques, existentiels, etc., etc.
En Suisse le parti des Verts, le vent en poupe depuis les dernières élections fédérales, saisit alors immédiatement l’opportunité de s’allier les bonnes grâces de la jeunesse: poursuivant une cause commune, il y a là un terreau dont il faut profiter, politiquement parlant… C’est ainsi qu’est née l’initiative parlementaire des Verts pour un droit de vote dès 16 ans, initiative d’abord refusée de justesse par la commission des institutions politiques du Conseil national. Les Verts sont alors revenus à la charge avec cette fois une pétition qui a engagé l’ensemble du Conseil National. Le 16 mars dernier, après un débat tendu, l’initiative a finalement été acceptée par 99 voix contre 90, et 3 abstentions. Un projet de loi va donc être élaboré et soumis à la double approbation du Conseil National et du Conseil des Etats; en cas d’acceptation des deux Chambres, il y aura alors votation populaire vu que l’objet concerne une modification constitutionnelle. Ce n’est donc pas pour demain, mais on peut déjà se poser quelques questions:
– Cette initiative n’est-elle pas avant tout un bon coup politique émanant d’un parti?
– Va-t-on créer d’autres problèmes en dissociant l’âge du vote de la majorité légale (18 ans)?
– Au sortir de l’école obligatoire, la vision de la société n’est-elle pas encore trop idéaliste, à cent lieues d’un certain pragmatisme pourtant nécessaire à propos d’une décision politique?
– Sans autonomie financière et professionnelle, ni expérience dans ces domaines, serait-il légitime que les jeunes votent sur des sujets financiers engageant des millions de francs?
– Êtes-vous d’avis que l’opinion des jeunes doit pouvoir être prise en compte officiellement dès l’âge de 16 ans?
– Voter dès 16 ans, n’est-ce pas «mettre la charrue avant les bœufs»? Ne vaut-il pas mieux laisser les jeunes se former un peu mieux, au moins jusqu’à l’âge légal?
– Y a-t-il vraiment une volonté réelle d’une majorité de la jeunesse à vouloir voter dès 16 ans?
À vous de forger votre propre opinion!
Michel Hangartner
Vallorbe