Un grand merci pour votre retour et pour le point de vue que vous apportez. Permettez-moi d’y répondre en quelques mots ici.
Je tiens tout d’abord à vous rassurer : je suis chaque 14 juin dans les rues de Lausanne, non pas pour défiler mais invitée par les médias qui sont encore soucieux d’apporter un point de vue contradictoire à ce qui est souvent présenté comme une unanimité, mais qui l’est de moins en moins. Je suis restée discrète sur ce que je vois, me contentant de dénoncer le fond car la forme me dépite bien plus encore. Le nombre de vulgarités que j’ai pu y voir me navre et dessert, une fois de plus, notre image et donc notre cause. Donc parlons plutôt du fond, c’est bien plus porteur ; je reste consciente que le comportement déviant de nombreuses néo-féministes n’est pas du fait de toutes et qu’il faut apprendre à en chercher les causes et à les dépasser.
En réalité votre message démontre très exactement ce que j’ai écrit : vous ne parlez que de la femme. Or c’est la violence qu’il faut condamner, pas uniquement celles faites aux femmes. C’est de la pauvreté dont il faut parler, pas seulement de celles des femmes. Lorsque j’entends des néo-féministes appeler au boycott de toutes les productions littéraires et artistiques des hommes (cft « Moi les hommes, je les déteste » de Pauline Harmange ou « Le génie lesbien » d’Alice Coffin), j’y vois du sexisme ; or c’est le sexisme qu’il faut condamner, pas uniquement celui qui vise les femmes. Lorsque j’entends Ada Marra réclamer des quotas de femmes cadres, mais sans plafond, j’y vois de l’inégalité de traitement, condamnable même lorsqu’elle profite aux femmes. Et lorsqu’on en arrive à des exigences telles que l’instauration d’un « congé menstruel », dont les conséquences sur l’employabilité des femmes seraient catastrophiques, du désaccord j’entre dans l’opposition. Le fait d’être des milliers à ne parler que de soi ou de ceux qui nous ressemblent ne fait pas de nous des altruistes, malheureusement. Mais bien des nombrilistes par milliers, hélas.
Vous revenez également sur les combats des années 70 et démontrez une fois de plus très exactement ce que j’ai écrit : les néo-féministes restent figées sur des manières de faire qui datent d’une époque où nous n’étions pas citoyennes. Réclamer l’évolution de la société n’est cohérent que si l’on se montre capables d’évoluer soi-même et donc de s’adapter à notre statut de désormais citoyennes, totalement égales en droit. Il en est de même pour le message de M. Walter : c’est du passé, et uniquement du passé, dont on parle pour justifier des comportements présents. Et si nous apprenions à évoluer et à vivre dans le présent ? Nous sommes aujourd’hui citoyennes, alors engageons-nous en citoyennes et cessons de nous comporter comme si nous ne l’étions pas. Les grévistes elles-mêmes reconnaissent chaque année que les avancées liées aux mouvements de rue sont insignifiantes. En contrepartie :
• le droit de vote des femmes a été remporté par une votation populaire et dès lors, la proportion de femmes engagées en politique et élues a été constamment croissante dans toutes les instances politiques en dehors du conseil des Etats ;
• les femmes obtiennent l’autorité parentale conjointe sur leurs enfants par votation populaire ;
• l’égalité entre les hommes et les femmes est inscrite dans la Constitution fédérale suite à une votation populaire ;
• le bonus éducatif est obtenu suite à un référendum ;
• le congé maternité est obtenu par votation populaire suite à un référendum ;
• le congé paternité a été remporté par une votation populaire suite à un référendum précédant de beaucoup la grève des femmes de 2019 ;
• la reconnaissance de la dignité égale des femmes par l’interdiction du voile intégral a été remportée grâce à un référendum.
Quant au droit de vote acquis par les Vaudoises en 1959, savez-vous que c’est à la suite d’une initiative déposée par le PAI (ancêtre de l’UDC), portée par le député Charles Bettens, que nous l’avons obtenu ? Nous l’avons obtenu par un parti de droite et de manière démocratique (j’invite par conséquent M. Walter à la reconnaissance qu’il prône dans son courrier 😉 ). Héritière et membre de ce parti auquel nous devons notre statut de citoyenne, je me sens d’autant plus légitime à dénoncer les comportements autocentrés et inefficaces des néo-féministes du moment. Apprenons enfin à nous considérer comme des membres à part entière de notre société, dans et pour laquelle il s’agit de s’engager tous ensemble et pour tous, avec les moyens et les circonstances de notre époque.
Bien à vous.
Lucie Rochat
Présidente des femmes UDC romandes, Le Brassus