Chamblon. L’assemblée des syndics a remis, jeudi 24 mars, les premières bourses du fonds culturo-sportif à six locaux

Selon l’adage, les petits ruisseaux font les grandes rivières. Et dans le district, ce sont les Nord-Vaudois qui font les stars de demain. En l’occurrence, ce sont quelque 90’000 pièces de cinquante centimes qui permettront peut-être à trois artistes et trois sportifs locaux de faire valoir leur talent sur la scène nationale, voire internationale. En effet, lancé en 2021, le Fonds culturo-sportif a pour ambition de soutenir les étoiles du district de manière solidaire, par l’ensemble des habitants des 73 communes. Quelque 45’000 francs ont ainsi été collectés et redistribués. Trois artistes ont reçu 5000 francs chacun: la plasticienne yverdonnoise Anne-Claude Rigo, l’illustratrice et autrice de Romainmôtier Rosalie Gross, ainsi que le Combier Loïc Grobéty, musicien et compositeur. Même récompense pour les trois sportifs: la triathlète Estelle Perriard de Champvent et le judoka Lionel Schwander de Cheseaux-Noréaz, tous deux se préparent pour les Jeux olympiques de Paris 2024, ainsi que le cycliste Alexandre Binggeli de Champagne.
Malgré le travail des services de la Culture et du Sport d’Yverdon qui ont reçu les 23 candidatures et établi des fiches de présentation résumées, le groupe de travail de l’Assemblée des syndics a eu de la peine à départager les talents. «Il n’y avait que de très bons dossiers. Cela n’a pas été évident, mais nous avons essayé de sélectionner les lauréats sur la base de critères objectifs et politiques pour toucher un petit peu toutes les régions du district, témoigne Maude Gonthier, présidente de l’Assemblée des syndics et syndique de Bullet. Nous avons aussi fait attention à ce qu’il y ait une certaine équité homme-femme, même si ce n’était pas le critère primordial. Mais nous avons surtout regardé l’opportunité. Est-ce que la bourse arrivait au meilleur moment pour soutenir concrètement les récipiendaires?» Et de confier: «ça fait mal au cœur de devoir refuser des dossiers, parce qu’aucun n’était mauvais. C’est pourquoi il faut que les candidats essaient de postuler de nouveau l’an prochain ou à d’autres prix.»
Si le processus de sélection a été difficile, il a toutefois permis à de nouveaux acteurs de se faire connaître. «Nous avons pu découvrir de nouveaux athlètes et artistes avec qui nous n’avions jamais travaillé. C’est très intéressant», relève Greg Perrenoud, adjoint de la cheffe du Service des sports d’Yverdon.
«J’ai l’impression d’être soutenu par tout le Nord vaudois»
Faire partie de la première volée des lauréats du fonds culturo-sportif, ce n’est pas rien pour le judoka Lionel Schwander.
«C’est compliqué dans des sports comme le mien de trouver du financement, alors oui je suis très content et je pense que cela va pouvoir m’aider à trouver de nouveaux sponsors, confie celui qui s’entraîne à 100% au Centre National Swiss Olympic de Macolin en vue d’intégrer le top 50 mondial. C’est une belle initiative des communes. J’ai l’impression d’être soutenu par tout le Nord vaudois.»
Cette bourse que lui, Estelle Perriard (membre du cadre national élite et du Triathlon Club d’Yverdon-les-Bains) et Alexandre Binggeli (membre de l’équipe nationale junior ainsi que du Vélo Club d’Orbe) ont reçue va vite être utilisée. «Cela va nous permettre de financer un bout de notre saison, entre les camps d’entraînement (en Suisse et à l’étranger) ou encore l’achat de matériel, relève le cycliste champagnoux, ravi de se faire connaître à travers le Nord vaudois avec cette récompense. Et je suis très content d’être dans l’équipe des premiers lauréats du fonds!»
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Comme le nombre de dossiers reçus (dont 11 sportifs et 12 artistes) pour prétendre à une bourse du fonds culturo-sportif nord-vaudois. Seuls six ont été retenus. Chaque lauréat a obtenu 5000 francs pour l’aider à mener à bien un projet précis.
Bien plus qu’un soutien financier
Les trois artistes récompensés aussi pourront aller de l’avant grâce à la bourse du fonds culturo-sportif. Loïc Grobéty (Le Pont), sortira cet automne son projet musical Neige noire, trois pièces de basse électro. «J’aime beaucoup une phrase d’un jazzman américain: Dans la musique, je savais qu’il y a un prix à payer mais à la fin de ma vie, je n’avais pas pensé que la facture serait aussi salée. Ça résume bien la vie d’artiste. C’est pourquoi ce genre d’aides financières, qui sont assez nouvelles, sont très utiles», relève le fondateur du Hors Normes festival.
Pour Rosalie Gross, de Romainmôtier, qui prépare son troisième livre pour enfants illustré sur le lien entre nature sauvage et domestiquée, ce coup de pouce met du baume au cœur: «C’est bien plus qu’une aide financière, c’est une reconnaissance pour nos idées. Cela fait du bien d’être soutenue par ceux qui vont nous lire. C’est un retour en avance (rires)!»
Anne-Claude Rigo voit en cette bourse une «immense générosité», après 32 ans à créer, ou plutôt à faire de la recherche et développement artistique comme elle dit, à Yverdon: «Je suis très fière d’avoir une reconnaissance locale, et surtout à mon âge (60 ans) où il devient difficile d’avoir du soutien.»
Le coup de pouce
Outre la remise des prix, l’Assemblée des syndics du Jura-Nord vaudois a invité la conseillère d’Etat Christelle Luisier Brodard pour présenter le plan climat vaudois. L’ancienne syndique de Payerne connaît bien les préoccupations des édiles, c’est pourquoi elle a mis l’accent sur des mesures concrètes et pragmatiques. «Si on veut atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, on doit agir à tous les échelons et ce de manière concertée. Les communes, vous êtes l’échelon de proximité par excellence et, surtout, vous avez des compétences dans des domaines fondamentaux», a-t-elle assuré tout en reconnaissant qu’elles étaient limitées dans leurs actions par manque de personnel technique. «Le Canton doit pouvoir venir en appui. On peut passer par des bureaux privés spécialisés, mais cela coûte. Et si on ne se coordonne pas, on peut partir sur des démarches très différentes d’une commune à l’autre et il deviendrait difficile de mesurer l’impact des mesures entreprises.»
Le Canton a ainsi développé plusieurs outils pour aider, faciliter et accélérer le passage à l’action des communes: un modèle de plan climat, un catalogue de fiches d’actions, des formations et divers outils techniques comme un canevas pour établir un profil énergétique, ainsi qu’un soutien sur quatre ans (12’500 francs maximum).
Le coup de gueule
«Avant que le siècle ait tourné, la Suisse aura peut-être faim, a noté Etienne Candaux, syndic de Premier. La Suisse continue de former et de sortir d’écoles agronomiques de nouveaux savants qui viennent de nous pondre 13 mesures de répression face à l’agriculture et absolument dénuées de bon sens (…). A l’heure où les bruits de canons remettent sur le tapis la sécurité alimentaire de notre pays, il serait peut-être temps de lever le pied sur la répression tant qu’il reste des agriculteurs.»
La citation
«Le but est d’attirer l’attention sur les talents de la région, de faire rayonner le district, et d’instaurer une collaboration entre toutes les communes pour étendre l’aide afin qu’un artiste ou sportif puisse être soutenu, qu’il vienne d’un village ou d’une ville.»
Raphaël Kummer, chef du service de la Culture d’Yverdon-les-Bains
Christelle Maillard