Après un sms, mon ami sans hésitation s’appont (se joindre) à moi, pour partir à la recherche de mon rodzet (enfant). Je suis tellement cousonneux, (inquiet) que j’ai vraiment besoin d’une câlure (personne très douée) pour m’accompagner.
– Je pense que nous y sommes, encore quelques mètres et la câpite (petit refuge, cabane) se trouvera là sur notre gauche.
– Ça va toi? Pour ma part, je n’ai plus d’accouet, (entrain, énergie, courage). Je ne suis jamais monté aussi vite en brassant (enfoncer profondément dans une couche de neige fraîche) et en franchissant de telles gonfles (congères).
– Regarde! Les skis et bâtons de ton ostio (drôle de gaillard) sont là, appuyés contre la cabane. Ceci va nous donner une sacré djasse.(courage, énergie, allant).
– Vite entrons… je vais l’arsouiller (engueuler).
En poussant la porte, j’ai poussé une bouêlée (braillée) alors… mon rejeton a sursauté presque jusqu’au plafond, du plafond à mon cou et là… il m’a mouné (parler à voix basse d’une façon peu compréhensible) à l’oreille «merci papa, je t’aime papa.» Penses-te-voir! (tu peux penser, tu peux imaginer) je n’ai pas pu lui mettre la ouistée (correction) que j’avais prévue… j’étais trop ému. C’est un des plus beaux jours de ma vie! Me voilà tout régayé (rendre la gaieté).
– Vois-tu, il fait une tiaffe (chaleur étouffante) dans ce refuge, tu as allumé un feu du tonnerre! T’es débrouille (débrouillard) mon gars.
– J’ai régaté (s’activer, tenir bon) avec ce fourneau. A l’aide de mon couteau, j’ai fait des buchilles (copeaux). Et puis, je l’ai bien nourri ce feu, si bien nourri, que cette raveur (chaleur étouffante) m’a fait tomber dans une pioncée (sommeil profond), dont tu viens de me tirer par ta pioulée (cri de joie).
– Arrêtez votre batoillée (conversation interminable). J’en connais une qui doit se faire un sang d’encre!
– Rapicolons-nous (ravigoter) la moindre avec une golée (gorgée) de gentiane et quelques Schnètses (quartier de pomme ou poire séchée). Nous l’avons bien mérité. Merci l’ami.
– Il est temps de se rentourner (regagner son point de départ) le cœur léger.
Heureusement, nous avons une bonne glisse (glisser aisément avec ses skis) et nous dérupitons (dévaler) le crêtson (petit crêt) droit en bas dans une superbe poudre et cela n’arrête pas de tourbiller (tourbillonner en parlant de la neige).
Maman est tellement contente et soulagée qu’elle tchuffe (embrasser avec effusion, conviction) mon moutet (frimousse, minois) tout froid.
– Quelle angoisse! (aussi vaurien, garnement) Nous t’avons cherché partout, finalement, c’est le facteur qui nous a dit qu’il t’avait vu partir à skis de fond.
T’es pas trouillon toi. (trouillard, peureux) Mais qu’elle idée t’a prise que de partir rôdailler (rôder) dans notre Risoud?
– Je n’allais pas viquevaquer! (errer) J’avais tout un plan pour vous donner un brin de souci… et vous montrer ma colère.
– Vouai (oui relatif, affirmation nuancée).
– Je suis parti avec un sac rempli de tout le nécessaire. Comme vous me le répétez si bien: un sifflet, une lampe de poche, des aillons (allumettes), un couteau, du thé chaud, du pain et chocolat et même une camisole (sous-vêtement d’hiver) de rechange.
J’ai simplement suivi les traces des skis de papa qui était monté hier, j’ai laissé à intervalles réguliers…les empreintes de ma main. Vous n’aviez plus qu’à les suivre…
Je me suis étrulé (paniquer) après avoir fait ma fiolée (petit feu) lorsque j’ai vu que toutes les traces avaient été recouvertes par une crachée (chute de neige).
Alors, pour me donner de l’accouet, je me suis mis à chanter «kumbaya my Lord kumbaya».
Et je me suis dit: «t’es au chaud mon gars et bien à l’abri.»
– Voin.
– Tout cela c’est à cause de la joueuse de tennis chinoise!
– … Peng Shuai?
– Hier soir, quand j’étais au lit, vous avez parlé d’elle et des abus qu’elle subit dans son pays. De ce fait là, vous avez dit que vous n’achèteriez pas de jouets en provenance de la Chine, car là-bas, ils ne respectent pas les droits humains.
Et les droits des enfants que je me suis dit? J’étais en renaud (irrité, être mécontent) donc, j’ai voulu le dire à ma façon.
– Saperlipopette! j’en crois pas mes oreilles.
– Au fait, vous pourrez dire au bon-enfant (Père Noël) que je ne veux pas de ses jouets Made in China. J’ai appris une chose importante dans cette aventure: «Que de se retrouver avec ceux que l’on aime est le plus beau des cadeaux.»
– Et à propos… mes chers parents: «vous allez regarder les Jeux Olympiques de Pékin?»
– Voilà la question qui tue…
– Votre fils… est un sacré escrebet! (petit coquin)
– Et toi… tu es notre précieux ami.
C.RoYer
« Langage combier » Editions Feuille d’Avis de la Vallée de Joux