Lorsqu’on veut s’exprimer au sujet du loup, le mieux est d’aller voir sur place au lieu de demander l’avis d’idéalistes qui ne sont pas venus sur place. Alors, j’ai pris contact avec Jean (prénom d’emprunt) qui a été d’accord de me faire visiter son alpage à moutons. A l’entrée du pâturage, une première surprise, le clédar est cadenassé et surmonté d’un panneau précisant que l’accès à cette zone est INTERDIT au public. De plus, il y a un treillis avec au-dessus, un fil électrique de 3’500 mètres de long pour entourer cet alpage. Cette installation a été faite aux frais de l’exploitant, avec une semaine de travail non rétribué à la clé ! Dans ce terrain du haut Jura, il est très difficile de planter des piquets !
Pour protéger les moutons, il y a deux gros chiens et deux ânes et çà c’est pour la journée. Il va de soi que ces 4 animaux doivent être nourris aux frais du paysan. De plus, éduquer et former un Patou pour la garde des troupeaux coûte CHF 10’000.–. Les divisions du pâturage sont installées de manière à ce que toutes convergent vers le chalet où se trouvent les mesures prises pour la nuit. Un parc a été créé avec des clôtures de chantier en treillis de deux mètres de haut. Il communique avec l’intérieur du chalet où les moutons peuvent rester à l’abri et où ils disposent de paille. Les deux chiens y passent aussi la nuit. Pour faire rentrer les moutons dans ce parc, il faut leur donner des aliments farineux achetés aux frais de l’éleveur. Avant, ils restaient dehors et ne mangeaient que de l’herbe. Donc chaque soir, il faut faire rentrer les moutons et revenir le matin pour les laisser sortir. Avant, une visite quotidienne suffisait ! Ce travail supplémentaire ne rapporte RIEN !
Ce qu’il faut aussi savoir, c’est que les loups mangent leurs victimes vivantes. Lorsqu’ils laissent des restes, les renards viennent se servir. Quand on trouve de l’ADN de renard sur la carcasse, c’est un prétexte pour dire que ce n’est pas le fait du loup, ce qui permet de ne pas indemniser le paysan. Faut-il s’étonner que de plus en plus de pâturages soient abandonnés, faute de rentabilité, parce que les mesures à prendre ont un coût énorme en francs et en heures de travail ? Qui a envie de travailler pour rien ou à perte ? L’abandon des alpages au-dessus de la limite des arbres dans les Alpes présente un grand danger d’avalanches. Quand le loup aura tout mangé à la montagne, où ira-t-il ? Un lynx mange déjà un chevreuil ou son équivalent chaque semaine. Le loup certainement pas moins ! Où cela va-t-il nous conduire ? La réponse viendra-t-elle de nos autorités ou du braconnage ? Il faut savoir ce que l’on veut. Ce sera l’éradication du loup en Suisse ou la fin de nos alpages dans quelques années.
Michel Dépraz