Il était une fois une petite fille qui souffrait beaucoup, non pas qu’elle ne fut point jolie ou intelligente…
Non, elle dérangeait à l’école et bien sûr, une certaine tension montait à la maison, car voyez-vous, c’est un peu comme les vases communicants ou… comme si vous mettez du linge de couleur avec du blanc dans votre machine à laver… après le cycle de lavage, cela peut-être très surprenant!
Comme elle habitait près de la grande forêt, elle partait souvent se cacher près des arbres, elle en avait découvert un qui lui faisait penser à sa vie, il était tout rabougri et au-dessus de lui de grands arbres lui donnaient l’impression de lui voler la lumière, le soleil et même parfois de la sermonner.
Ce petit arbre était devenu son confident, elle n’avait même pas peur. Elle se plaisait là dans le calme et la verdure. Ses parents au début s’inquiétaient de ses fugues, mais elle en revenait apaisée. Elle ne voulait toutefois parler à personne, car sa confiance avait été brisée.
Ses parents ne savaient plus quoi faire et se trouvaient impuissants et très solitaires.
Un enfant qui dérange n’est pas le bienvenu… il peut entraver l’avenir des autres enfants dans la classe. Cela allait ainsi tant bien que mal, plutôt mal…pour elle.
Qu’elle ne fut pas la surprise pour la fillette de découvrir près de son arbre favori, un petit animal qui jappait et geignait. Qui est-il? On dirait un bébé!
Elle s’en approcha tout doucement et le prit dans ses bras, il était tout doux. Elle se décida à l’emporter avec elle et le cacha au fond du jardin dans une cabane abandonnée. Elle lui apporta un peu de lait et de la pâtée, elle priva ainsi le chat de son repas.
Au milieu de la nuit, elle fut réveillée par des cris qui venaient de la cabane. Heureusement, ses parents dormaient de l’autre côté. Probablement, qu’ils n’avaient rien entendu.
Elle prit son courage à deux mains. En s’approchant de la cabane, elle sentit une odeur forte et vit deux yeux jaunes dans la nuit… elle allait s’enfuir… et alors, elle entendit le petit gratter contre la porte et tout à coup celle-ci céda et le petit sortit, mais aussi incroyable que cela puisse paraître, il se dirigea vers la petite fille et lui lécha la main comme pour la remercier et puis courut rejoindre sa mère.
Ce sont des loups, pensa la petite fille, oh là là! j’ai risqué grave…
Le lendemain matin, elle se rendit à l’école juste pour les leçons dites importantes comme le français et les mathématiques, il avait été décidé qu’elle ne suivrait plus que ces cours-là.
Elle se sentait blessée, mise de côté…c’est trop injuste! Je suis rejetée, une nouvelle fois abandonnée.
Cette fois, elle était vraiment très excitée et ne tenait plus en place, elle avait un secret qu’elle ne voulait partager avec personne.
Aussitôt ses quelques heures passées dans l’établissement scolaire, elle partit dans la grande forêt retrouver son arbre rabougri en espérant fortement le revoir, les revoir.
Ils étaient là et semblaient l’attendre…le petit venait vers elle pour se faire câliner, mais la mère la regardait de travers et n’osait s’approcher.
Au fil des jours, du temps qui passait, ils s’apprivoisèrent et la petite fille trouvait auprès d’eux le réconfort dont elle avait tant besoin.
Dans cette école, tu ne reviendras plus, c’est terminé. Il te faudrait une école à effectif réduit, mais ici, il n’y en a pas.
C’est étonnant se disait la petite fille, moi je prends soin des loups, même qu’on les dit méchants et moi dans tout cela j’ai l’impression qu’on me prend pour un chien qui a la rage… Oui la rage je l’ai et je l’entretiens, je n’ai rien demandé. Les gens voudraient que je sois reconnaissante… MAIS:
* Je n’ai pas choisi mes parents, je n’ai pas choisi pas ma famille
Je n’ai pas choisi non plus les trottoirs de Manille
De Paris ou d’Alger pour apprendre à marcher
Je suis née quelque part
Je suis née quelque part, laissez-moi ce repère
Ou je perds la mémoire
Est-ce que les gens naissent égaux en droits
A l’endroit où ils naissent
Que les gens naissent pareils ou pas
Mais en fait… qui m’a traitée de chose? Bon assez cogité, je vais aller dans la forêt et retrouver mes amis les loups.
La meute s’était bien agrandie et les parents étaient fatigués de nourrir tous leurs petits.
Le printemps venu, dans les alpages, ils virent arriver de jeunes et solides bêtes. Notre petite fille était là et une idée vint à germer dans son esprit et elle leur dit: «j’ai assez enduré avec les humains, vous ne voudriez pas goûter à un mets de choix? Vous voyez là-bas, ce sont des veaux, ils paissent sur nos montagnes et leurs mères sont sans défense, la plupart n’ont même plus de cornes. Pour vous les loups, cela devrait être facile…»
Les loups ne se firent pas prier et tout en faisant semblant de jouer, mirent à terre quelques veaux et dégustèrent cette chair au goût somptueux.
La petite fille se dit alors: cette fois j’ai ma vengeance, toutefois, elle mit en garde ses amis les loups: «vous ne devez en aucun cas vous en prendre aux humains, car là, c’est sûr vous n’aurez pas de lendemain, une mort assurée… c’est certain.»
C’est depuis ce jour que le loup est devenu un ennemi pour l’homme, mais malheureusement, ce sont les paysans qui sont touchés car leur bétail est trop alléchant.
Et depuis… l’humain s’est découvert un point commun avec le loup: la cupidité! L’homme est capable du meilleur et du pire pour son semblable.
Depuis, la petite fille a regretté ses paroles, mais le loup a pris goût à ces nouvelles proies et les paysans subissent… des pertes, bien que remboursés, ils voient que l’argent ne fait pas tout, il n’abolit pas le stress.
* Maxime le Forestier: Né Quelque Part
C.RoYer