Notre association est plus que jamais au chevet de nos lacs et cours d’eau, les enjeux des prochaines votations, nous invitent à prendre la plume afin de considérer toute l’importance du sujet. Apporter également une vision plus globale, notamment par rapport à ce que notre association défend depuis maintenant 14 ans, à savoir la protection des eaux au sens large.
Pour étayer notre intervention, nous avons pris le parti de nous appuyer sur les nombreux rapports scientifiques et qui vont systématiquement dans le sens des valeurs de notre association. Nous souhaitons nous arrêter sur le résultat de l’observation nationale des eaux souterraines NAQUA 2016 Etat et évolution des eaux souterraines en Suisse et plus précisément dans notre région avec le suivi de l’Orbe qui concerne des algues filamenteuses (macrophytes) du tronçon lac des Rousses – lac de Joux (Triform 2020) ainsi que le suivi du lac de Joux (rapport DGE du 20 juin 2020). Dans chacun de ces documents, on retrouve les mêmes constats, les valeurs limites des intrants agricoles sont dépassées, la présence des pesticides est importante, on ne protège pas suffisamment nos cours d’eau, etc.. Le constat est édifiant et le PEHVO se pose souvent la question: pourquoi est-ce que l’Etat et la Confédération financent des études qui confirment systématiquement que nous allons droit dans le mur, qu’il est temps de réagir, mais que «tout ça» n’est pas suffisant pour prendre des décisions de protection de l’environnement qui s’imposent! Incompréhension, mais c’est le jeu de la démocratie et de notre fédéralisme.
Comme on peut le constater à La Vallée, nous sommes touchés par le dérèglement climatique, les étiages sévères se succèdent d’année en année en été, l’eau de l’Orbe se réchauffe jusqu’à des températures tropicales, une étude de la Maison de la Rivière a relevé que notre cours d’eau peut atteindre les 30° pour certains tronçons. Le manque d’ombrage se fait cruellement sentir sur l’ensemble du cours d’eau, de même que le taux de dilution des polluants, des pesticides est très faible, par conséquence la concentration est terrible pour la faune piscicole et l’ensemble de l’écosystème.
La liste des atteintes à nos sources, nos cours d’eau et nos lacs, font parfois «froid dans le dos» En poursuivant sur le même rythme, nos ressources en eau sont menacées directement. Les plus importantes sont: Le non-respect des bassins versants avec le lac des Rousses, la concession sur le captage du Brassus qui ne permet pas d’avoir un débit d’étiage réservé (il pourrait être à sec un jour!) L’incitation à la récupération de l’eau de nos grands bâtiments n’est pas automatique, alors que des toitures, notamment les industries et les bâtiments agricoles s’y prêtent volontiers. La gestion de nos ressources en eau à La Vallée doit être pris avec sérieux, pour celles et ceux qui ont pu voir l’émission sur la TSR concernant la problématique sur le Doubs Pénurie d’eau dans nos campagnes | Temps Présent ont certainement pris conscience de la situation, tout en sachant que La Vallée est géologiquement similaire. La réparation de nos ressources demande concertation avec l’ensemble des usagers et notamment les grands consommateurs dont l’agriculture fait partie. Il est nécessaire de se poser les vraies questions, lorsque par exemple il n’est plus possible de garder des bêtes au mois d’août sur nos alpages par manque d’eau ou alors faire appel à des hélicoptères de l’armée suisse!
Dans le suivi du lac de Joux et le rapport de la DGE sur la formation des algues dans l’Orbe, le résultat est sans équivoque, l’augmentation de phosphore (notable depuis 2018) due à l’activité humaine reliée aux STEP d’anciennes générations, à l’industrie et à l’agriculture. Aujourd’hui, on peut lire dans ces rapports que la qualité du lac est «moyenne», la concentration des rejets agricoles est clairement importante. En parallèle, beaucoup de surfaces agricoles sont exploitées en France voisine par des agriculteurs suisses. Est-ce que le retour des fumures ou lisier est réalisé en adéquation avec les mesures de protection du plateau des Rousses? Il est permis d’en douter!
La protection de l’eau et la gestion de nos ressources sont les véritables enjeux environnementaux de la Vallée de Joux, pour y arriver nous avons des outils à disposition: le GRIM (groupement intermunicipal des communes de La Vallée, de Bois d’Amont et des Rousses) des lois, des règlements qu’il est temps de faire appliquer sans conditions et surtout, des bonnes pratiques dans bien des domaines, qu’il est nécessaire de partager à large échelle.
L’ensemble des rapports et des études sont disponibles sur notre site internet WWW.PEHVO.ORG
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