Le dimanche 13 juin les citoyennes et citoyens suisses devront se prononcer sur les 2 initiatives populaires «pour une eau potable propre et une alimentation saine» et «pour une Suisse libre de pesticides de synthèse». Rappelons en préambule que le Conseil fédéral et le Parlement les ont rejetées toutes les 2, estimant qu’elles allaient trop loin et que de nombreuses mesures plus efficaces sont déjà en place.
Nous ne pouvons pas rester insensibles à ces reportages sur l’agriculture mondialisée et sur les prisons à animaux. Mais les initiatives soumises au vote le 13 juin visent à sanctionner une agriculture suisse qui a pris le chemin du pragmatisme depuis longtemps, allant vers une meilleure promotion de la biodiversité, et surtout une application de produits de synthèse toujours plus ciblée, contrôlée et réduite au strict nécessaire. La recherche et les progrès techniques sont en cours et permettront encore des améliorations.
La politique agricole du futur va aussi faire son effet pour des exploitations avec une meilleure autonomie fourragère, mais sans tomber dans l’extrémisme. L’agriculture de la Vallée de Joux est principalement orientée sur la production de Gruyère AOP et de vacherin Mont d’Or. Ces filières imposent déjà des critères parmi les plus stricts en termes d’autonomie fourragère des exploitations. Néanmoins, les céréales des compléments nutritifs nécessaires à l’alimentation du bétail ne poussent pas à 1000m d’altitude et les éleveurs de bétail ne disposent pas toujours de la quantité suffisante de foin issu de leur propre exploitation pour assurer 100% de leur ration fourragère. En cas d’acceptation de l’initiative «eau propre», l’éleveur Combier se verrait interdit d’acheter du fourrage à son collègue de plaine, alors même que notre région est une des plus adaptées à la détention de bétail. Le commerce et la collaboration entre agriculteurs fonctionnent très bien et leur permet d’être complémentaires et rationnels. Et tout ça sans passer par les lobbies de l’agrobusiness. Même en comptant parmi les bons élèves à l’échelle suisse, notre agriculture combière serait profondément affectée par les
2 initiatives.
D’autre part, une acceptation de l’initiative «antipesticides» induirait une diminution de la production estimée à 30% (à savoir que l’agriculture suisse ne produit déjà actuellement que la moitié des aliments nécessaires à la population helvétique). Cela provoquerait un renchérissement des aliments et un encouragement au tourisme d’achat et aux importations, sans compter une grave menace sur les emplois dans les secteurs agricole et alimentaire.
Le vote va être extrêmement serré, montrant clairement un clivage ville-campagne. L’agriculture est un secteur essentiel à la qualité de vie des Suissesses et des Suisses, qui plus est en permanente amélioration. Un secteur primaire qui fournit déjà et fournira encore à l’avenir de grands efforts en faveur de la durabilité.
Madame, Monsieur, je vous encourage à soutenir notre agriculture et avoir confiance en le développement des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement en votant 2X NON à ces initiatives.
Carole Dubois
Municipale et députée