Judith Brunner est tout un personnage. Née en Angleterre pendant les vacances de ses parents, elle passe ses 3 premières années en Indonésie.
Le poste de son père consiste à encadrer et former des professeurs de langue anglaise pour le British Council en différents pays du monde.
Un programme qui fait voyager la famille tout entière.
Ses premiers mots sont indonésiens, car une nounou indigène s’occupe de Judith, de son frère et de ses deux sœurs.
Après ses 3 ans la famille part s’installer en Inde, plus précisément à New Delhi.
C’est dans cette ville que Judith s’éveille à la vie. Cette Inde pleine de couleurs, de nourriture piquante, de pierres précieuses, de soleil, d’odeurs, d’une architecture bien à elle.
Un monde fascinant tourne autour d’elle. L’Inde brille de partout!
Mais les racines de Judith ne sont pas 100% anglaises.
Elles vont du Pays de Galles à la Grèce où elle passe aussi des vacances chez ses grands-parents paternels.
Un vrai bouillon de culture qui lui fait apprécier la différence grâce à sa curiosité. S’intéresser, s’approcher de l’autre et essayer de comprendre la différence. Ainsi elle découvre d’autres façons de faire, de voir, de sentir, de vivre. Judith apprend et s’enrichit grâce à son intérêt et à son merveilleux environnement.
Pendant les mois de travail et de représentation de ses parents, le pays d’accueil prend toute sa dimension, mais pendant les vacances la famille peut se retrouver et la culture anglophone prévaut.
Pas de boulot, pas d’école, pas de personnel de service pour s’occuper des enfants. La liberté tout court!
Ce rapprochement familial se passe dans un camping qui s’appelle Swiss- Farm près d’Oxford en Angleterre.
La famille vit dans une caravane et la sensation de bien-être se fait sentir. La nature, le calme, la proximité entre ses membres et tout plein d’autres sensations qui resteront gravées à jamais chez la petite Judith.
Et c’est précisément cette atmosphère que Judith sent revenir en elle en regardant la Vallée de Joux depuis chez elle. La rivière, le lac, les sapins, les épicéas, enfin toute une atmosphère de paix qui la transporte dans un monde qu’elle aime.
Vers ses 7 ans la vie de Judith prend un nouveau tournant: ses parents divorcent.
La nouvelle structure familiale s’installe en Cornouailles dans une maison près de la mer, en Angleterre.
Le bon côté de l’histoire c’est qu’elle échappe à la bonne coutume anglaise de l’internat. Elle en est ravie!
Les années passent et Judith termine sa scolarité à Brighton à l’âge de 16 ans.
Une décision s’impose: étudier à Londres ou aller dans une école pour jeunes filles en Suisse.
Judith choisit une école de secrétariat à Londres. C’est l’année 1969.
Pour rencontrer ses contemporains, elle va danser dans un local londonien appelé en ces temps: Le café des artistes (nom très français…)
Entre danse et danse elle tombe dans les bras d’un certain cuisinier. Il s’appelle Richard Brunner et travaille dans un restaurant (Spot 3, Fulham Road) à Chelsea (district londonien). Richard est né à Lausanne, adore danser et veut draguer les jeunes filles. C’est l’âge… Elle a 17 ans, lui 23 et il est vachement beau.
Entre danse et danse leur futur se forge. Ils décident de vivre ensemble dans la capitale anglaise à partir de 1970 jusqu’en août 1972. C’est à ce moment qu’ils rentrent en Suisse pour que Richard puisse faire son cours de cafetiers.
Avec le diplôme de Richard en poche, ils cherchent un restaurant pour s’installer.
Mais cette fois ils veulent être indépendants. Un restaurant bien à eux ferait l’affaire.
L’auberge communale de Lussery, dans le canton de Vaud, est à remettre. Courageux le couple se jette à l’eau.
Ils reprennent le restaurant en janvier 1973 et se marient en avril de la même année. Judith a 20 ans et lui 26.
Le mariage de Judith reste un moment unique dans sa vie, car elle réussit à rassembler toute sa famille qui entre temps s’est bien éparpillée. D’autres retrouvailles se feront mais plus jamais au grand complet.
Judith va apprendre le métier en travaillant dur et en y mettant beaucoup de volonté. L’amour l’a fait passer de secrétaire à restauratrice, et pendant 10 ans, ce petit village de 120 habitants (à l’époque) les voit travailler
10 heures par jour, 6 jours sur 7.
Elle va même apprendre à jouer au Jass. Jeu de cartes profondément suisse. Pour une fois: Commune, Canton et Confédération tous confondus, se retrouvent dans ce jeu de cartes!
Naturellement elle va le partager avec les gens âgés du village et une bonne petite bouteille de vin blanc suisse sur la table du restaurant. Faut garder la tête claire!
L’année 1983 voit la construction de leur propre restaurant: L’Escapade, à Cugy, aussi dans le canton de Vaud.
25 ans vont suivre avec Richard aux fourneaux et Judith au service.
Dans ce cadre deux enfants vont voir le jour: une fille et un garçon. De culture vaudoise ses enfants vont aussi connaître la langue de Shakespeare. Judith tient beaucoup à sa langue maternelle!
Pour les vacances, ils décident d’acheter un camping-car. Souvenir d’enfance…
Vers les années 90 ils choisissent la Vallée de Joux: pêche, cueillette, nage, bateau, promenades. Plein d’activités qui rapprochent la famille et leur fait passer de très, très bons moments ensemble loin des fourneaux.
Autant Judith que Richard, aiment se sentir près de l’eau.
Petit, Richard allait souvent chez son oncle à St. Prex et c’est là que l’amour pour le lac, a commencé à naître.
Un ami Combier, client du restaurant, sachant leur amour pour La Vallée et l’eau, leur fait parvenir un numéro de téléphone.
Une vieille maison est à vendre juste au bord du plus grand lac 100% vaudois.
Le propriétaire a cloué un panneau: «A vendre» suivi d’un numéro de téléphone.
Le couple Brunner entre en contact avec le propriétaire.
Celui-là a ses conditions pour l’achat:
Il faut aimer: la Nature, la pêche et les animaux.
Sur ces points tout joue. En plus Judith est anglaise et le vieux propriétaire avait aussi de la famille en Angleterre. Encore un atout de plus.
C’est l’année 2003, sans pratiquement y réfléchir longuement, et avec un fort coup de cœur du couple Brunner ils signent l’achat.
La maison est vraiment dans un piteux état.
En la voyant, leur fils fait cette remarque quelque peu dédaigneuse: «On va quand même pas acheter cette ruine?»
De 2003 à 2007 le couple y travaille pendant leur temps libre.
Le chalet prend tranquillement forme à nouveau et ils s’y installent définitivement cette même année 2007. C’est la retraite bien méritée qui démarre!
Leurs enfants, adultes, restent à Cugy où ils ont fait leur vie.
Cette fois La Vallée prend toute sa dimension et comme ils souhaitaient, ils «ont» les pieds dans l’eau!
Judith, l’internationale, est une boule d’énergie et elle doit bouger, comme toujours. Fini le restaurant, il faut qu’elle oriente sa nouvelle vie à La Vallée.
En décembre 2007 elle découvre le marché de Noël de L’Orient. C’est une excellente opportunité pour connaître du monde et vendre ses cueillettes.
Une année plus tard, elle a son propre stand qu’elle garde jusqu’à 2019. Confitures, champignons et travaux manuels se côtoient. Suite au Covid-19 pas de marché pour l’année 2020, mais ses produits sont toujours accessibles chez elle.
En 2013 apparaît notre chère taxe poubelle. Judith réagit en créant un site Internet via Facebook:
«Objets à vendre ou à donner à la Vallée de Joux»
Actuellement ce site accueille 5000 adhérents!
Dans ce temps de pandémie, tout autre commerçant peut exceptionnellement vendre ses produits dans ce site.
D’autres sites vont suivre:
«Fan de la Vallée de Joux»
Ce site accueille des gens du monde entier et dépasse les 2800 internautes. On y trouve des commentaires et des jolies photos entre autres.
«Cafés, restaurants, hôtels, buvettes de la Vallée de Joux et environs»
Ils peuvent afficher leurs menus, leurs prix et autres informations.
Autour de 700 adhérents y sont inscrits.
A partir d’avril 2019 suite à la pandémie, les restaurateurs, cafetiers, hôteliers, traiteurs, fromagers, etc., peuvent mettre de la publicité avec leurs cartes respectives, leurs prix, leurs horaires et leurs offres spéciales.
Tout cela est naturellement gratuit, c’est du Judith tout craché!
Il y a quand même un but et une précieuse règle générale à tenir en compte:
But:
Faire connaître les commerçants de La Vallée
Règle générale:
Pas de critiques négatives acceptées. Pour ce faire s’adresser directement au patron.
Ce n’est pas un site gastronomique!
C’est une aide, pas une démolition!
Totalement privé: Judith a installé une petite armoire ouverte au bord du lac où on peut déposer ou prendre de la vaisselle et autres objets.
Un échange pour éviter le gaspillage.
2019 a vu aussi la création d’un groupe attaché à la bibliothèque du Sentier pour maintenir la langue anglaise et faire connaissance. C’est une réunion mensuelle qui se nomme: «Converser en anglais». Pour la première convocation 16 personnes se sont présentées. Un bon début pour Judith et ses «coéquipières»!
Naturellement ses trouvailles se sont aussi arrêtées vu la situation actuelle: le confinement et la distance.
Chère Judith tu as bien laissé ton empreinte dans cette vallée avec le dénominateur commun de faire du bien et d’aider les autres.
Ce fut un grand plaisir!
E. Dutruit