La prochaine votation sur la limitation de l’immigration me paraît cruciale. Comme certainement beaucoup de nos concitoyens, j’éprouve depuis des années un malaise concernant le «jeu» politique helvético-européen. Ainsi, comment nos décideurs de l’époque de M. Deiss et Mme Camy-Rey ont-ils pu approuver en 2004 le
2e paquet des accords bilatéraux et le protocole sur l’extension de la libre circulation des personnes? Un accord avec l’Europe dans lequel il y avait cette fameuse «clause guillotine». Naïveté ou traitrise par rapport à la volonté populaire?
La bouche en cœur, on nous «prédisait qu’il y aurait une immigration d’environ 10’000 personnes/an. En 16 ans, cela aurait fait 160’000, il y en a eu environ 1 million… Et cela risque fort de continuer en raison des différences de salaires entre la Suisse et l’Europe. Mais où va la Suisse dans de telles conditions? Le bétonnage tous azimuts (actuellement 1 m2 par seconde!), les bouchons, etc.
Pourquoi cette obsession de l’Europe pour la libre circulation des personnes? Cela donne l’impression d’une grande liberté, et c’est vrai qu’il y a une possibilité pour tout européen d’aller s’établir dans le pays européen de son choix. Mais l’Europe politique ne fait pas du tout envie. Elle est en pleine faillite morale, gérée par les technocrates de Bruxelles. L’Europe elle-même a mal à sa politique migratoire. Elle verse des milliards d’euros à la Turquie pour que ce pays freine l’arrivée de migrants dans l’union européenne. Et le dictateur turc Erdogan ne se gêne pas pour danser sur le ventre des politiques européens. Il est vraisemblable que de temps à autre, il ouvre le robinet du flux migratoire vers l’Europe…
L’Europe politique est un amalgame disparate qui cause beaucoup mais dans la réalité est peu crédible. La Turquie annexe un territoire syrien de plusieurs milliers de km2, l’Europe proteste, mais sans plus. L’Europe fait les yeux doux à l’Ukraine. La Russie annexe la Crimée, territoire de
26’000 km2 (soit les deux tiers de la Suisse!!) et de 2 millions d’habitants, l’Europe décide des sanctions, mais l’Allemagne et la France n’en soutiennent pas moins un projet de gazoduc russe alimentant l’Europe… Paroles, paroles dit une chanson…
L’Europe du duopole franco-allemand prend la voie de la numérisation tous azimuts, avec l’objectif de limiter fortement, voire supprimer les paiements en espèces. Si ce système a de nombreux avantages (lutte contre la fraude à la TVA, par exemple), il comporte un danger évident de limitation des libertés individuelles. La Chine en est un exemple. Grâce aux caméras avec reconnaissance faciale et à la numérisation, il y a déjà des répercussions pour les citoyens chinois. Dans certains cas, s’ils ne se conforment pas aux exigences du parti, il leur est signifié qu’à l’âge de la retraite ils seront privés de leur rente AVS, payée numériquement…
Si j’habitais en France, en Italie ou en Allemagne et qu’il y ait une votation pour une sortie de l’Europe, je voterais oui, car la mal nommée «Union» européenne ne fait vraiment pas envie. J’aurais d’ailleurs tout intérêt à me joindre aux 250’000 personnes passant journellement la frontière. Malgré les inconvénients du trafic, c’est une situation gagnante pour les entreprises suisses et pour les résidents frontaliers européens qui font du bon travail. Je serais ainsi peu ou pas touché par la limitation de l’immigration!
En tant que citoyen suisse, je voterai pour l’initiative sur la limitation de l’immigration, même s’il y aura une période d’incertitude jusqu’à une nouvelle stabilité. En effet, il s’agit ni plus ni moins que de protéger notre démocratie contre les abus d’une Europe obsédée par son mythe fondateur de la libre circulation. Je voterai pour l’initiative de limitation, car sinon, la suite est courue d’avance: un accord–cadre que les pro-européens vont vanter comme indispensable et on va nous rabâcher pour la 50e fois que sinon, il y aura crise économique, du chômage, etc… Mais cet accord-cadre, ferait encore plus de la Suisse une sorte de vassal, n’ayant qu’à appliquer les directives de Bruxelles. Et comme cet accord cadre aurait des effets désastreux pour notre démocratie, les pro-européens sortiraient soudain une brillante idée: quitter
l’accord-cadre et devenir enfin membre de l’Union européenne! Cela s’apparente fort à du machiavélisme.
La Suisse, comme tout pays, a ses qualités et ses défauts, mais elle est globalement enviée par nombre de nos voisins européens. Nous devons nous souvenir que nos ancêtres ont eu le courage de créer la Pacte fédéral d’août 1291. Par ce pacte, commençant par «Au nom du Seigneur amen», les communautés des vallées d’Uri, Schwyz et Nidwald se sont juré un soutien mutuel contre toute personne extérieure susceptible de les attaquer ou de leur causer du tort. Le texte prévoit également l’impossibilité pour un étranger de prétendre à la fonction de juge.
Il faut du courage pour voter oui, mais nos ancêtres ont eu ce courage. Et ils nous ont prouvé en 1291 qu’ils avaient raison!
Michel Borel

