Dans les dernières éditions de la FAVJ, deux personnes se sont exprimées négativement sur le déboisement de la Roche Fendue. En tant que natif du Lieu, ayant joué à proximité et toujours respecté ces falaises, ayant fièrement donné le nom de la Roche Fendue (en anglais) à une collection de montres, je ne partage pas ces avis critiques.
Tout comme certains bâtiments classés au Pont, tout comme les forêts du Risoud et nos 3 lacs, tout comme les plus belles réalisations horlogères réalisées dans notre Vallée, la Roche Fendue fait partie du patrimoine combier. Et le patrimoine, soit on le laisse à l’abandon, soit on l’entretient.
Il y a 70 ans environ, les plus téméraires de la génération de mes parents y skiaient l’hiver, certains n’hésitant pas à construire un tremplin de saut et à finir leur course sur le lac gelé! Il n’y avait donc pas d’arbres à cette époque et entretenir cet endroit, lui redonner son aspect d’autrefois, c’est aussi le respecter, n’en déplaise à certains.
En cette période difficile, n’ayons pas peur de dire aussi que ces roches mythiques font partie de l’attrait touristique de notre région. Le déboisement les rend encore plus majestueuses vues d’en face ou du Caprice. Et même si elles n’ont pas la réputation du Cervin, elles feront peut-être s’arrêter dans notre Vallée ces touristes que nos commerces, restaurateurs et hôteliers recherchent plus que jamais aujourd’hui.
Même si ce n’est pas l’objectif de départ, ce déboisement va également produire du bois-énergie et alimenter la centrale de chauffage à distance du village. Sur les communes du Lieu et du Chenit, les centrales à bois ont bénéficié d’un très large soutien lors de leur construction, tout le monde se félicitant d’une diminution importante de consommation d’énergie fossile au profit d’une énergie renouvelable. Les quelques arbres de la Roche Fendue font partie de ce combustible renouvelable tant convoité et ils seront vite compensés. En effet, selon le site www.foretsuisse.ch «entre 7 et 8 millions de m3 de bois pourraient être récoltés chaque année en Suisse sans surexploiter nos forêts. Seuls 5 millions de m3 sont effectivement récoltés par année». Alors ne confondons pas le déboisement de la Roche Fendue avec la déforestation amazonienne.
Concernant le petit sentier au pied de la Roche Fendue, seuls quelques initiés en connaissent encore l’existence. Le «nouveau chemin» remontant vers le village, plus large et bien sécurisé, s’y est substitué il y a plusieurs dizaines d’années. Faire penser que sa fréquentation reste courante et que les risques sont élevés, c’est de la désinformation. Statistiquement parlant, la probabilité de recevoir une pierre sur la tête en vélo sur la route de Vallorbe est bien plus grande.
Il y a aussi de la médisance dans un de ces articles. Affirmer que les travaux effectués auraient pour but de rendre la vue aux maisons du Revers fait sourire. Il y a exactement 3 maisons qui peuvent aujourd’hui voir le lac, alors qu’elles ne le voyaient pas auparavant; et pour l’une d’entre elles, il faut probablement monter sur le toit! Les autres maisons sises sur la crête voyaient déjà le lac auparavant et les travaux n’y ont rien changé. Le gain est donc bien maigre pour une allusion aussi perfide.
En conclusion, il y a celles et ceux qui agissent; ils sont peu. Et parmi les autres, beaucoup plus nombreux, il y a celles et ceux qui adorent critiquer. Je préfère nettement la première catégorie et je félicite les Autorités communales du Lieu d’avoir pris une décision courageuse qui, à défaut de faire l’unanimité, en réjouit plus d’un.
Pierre Dubois