Confinement.
Selon nos situations, points de vue et contextes de vie, ce mot éveille différentes réactions et provoque différentes réalités. Exagéré. Insuffisant. Isolement. Ennui. Télétravail. Privation de liberté. Solitude. Maladie pour beaucoup, hélas.
Situation inédite à laquelle nous ne sommes pas habitués et à laquelle nous n’avons pas pu nous préparer, qui interrompt brutalement nos activités et bouscule nos habitudes.
Jeunes ou vieux, à risque ou non, tous nous sommes soumis à la même contrainte: éviter tout contact avec les autres, non pas par rejet ou par égoïsme mais justement pour les protéger; pour ne pas être les «connards à virus» du coronavirus. Trois exceptions à cette obligation: aller travailler pour ceux qui le doivent encore; aller faire ses propres courses; rendre service.
Rendre service. Aujourd’hui, en dehors de nos besoins impératifs, il n’y a plus que l’autre qui compte. L’autre qu’il ne faut pas contaminer; l’autre qui a besoin de notre aide pour ses courses ou promener son chien, qui a besoin de notre sang; l’autre qu’il faut soigner. Il y a désormais plus important que «soi» qui s’impose. Il y a «nous».
Face à cette pandémie mondiale, la hiérarchie des besoins se redéfinit. Annulés les congrès politiques et les votations à venir. Fermés les commerces non essentiels à la survie. Interdits les déplacements inutiles. Nous entrons à nouveau en possession d’une denrée rare qu’on ne sait plus très bien manipuler: le temps. Voilà ce qu’impose à nombreux d’entre nous cette pandémie.
Alors on se remet à penser à ces amis qu’on n’a plus vus depuis
longtemps, on prend de leurs nouvelles. On se retrouve avec ses enfants et son conjoint la journée faite, mais sans pouvoir organiser de multiples activités distrayantes: ne reste que la relation. On se montre solidaires avec les commerces locaux souffrant des conséquences économiques de cette urgence sanitaire. On s’inquiète d’une fièvre naissante chez le voisin et on fait ses courses pour lui éviter d’avoir à sortir. On apprend à renoncer à nos désirs et projets individuels pour une nécessité supérieure et commune. Les traits d’humour et jeux de mots se multiplient sur les réseaux sociaux. On réalise qu’il fait beau et combien le quartier est vivant quand les enfants y sont.
Et si finalement, loin de nous isoler, le confinement nous rapprochait les uns des autres? Si la mise au second plan de notre économie face à une urgence sanitaire nous permettait de nous recentrer sur ce qui est finalement l’essentiel de notre vie et la seule chose qui nous construise vraiment: notre famille, nos amis, l’humain.
Puissions-nous tous sortir de cette pandémie avec des besoins redéfinis et des priorités mieux hiérarchisées, des relations mieux travaillées et des placards triés, avec un baby-boom prochain révélateur de cette période de rapprochement, avec un souci des autres et du vivre-ensemble amélioré. L’humanité est assez géniale pour sortir grandie de cette épreuve commune.
Lucie Rochat
Présidente des Femmes UDC romandes
Le Brassus