Pourquoi la Suisse, située au centre de l’Europe, ne peut-elle rejoindre l’Union européenne (UE)? Un peu d’histoire permet de le comprendre.
Le 1er octobre 1273, le couronnement de Rodolphe Ier de Habsbourg va marquer le début du futur Saint-Empire romain germanique et conduire les Waldstätten à affirmer leur indépendance. Celle-ci prendra la forme écrite du fameux Pacte fédéral, immédiatement après la mort de Rodolphe Ier, survenue le 15 juillet 1291. Bientôt, les succès militaires des trois cantons alliés suscitent l’intérêt des communautés voisines, qui les rejoignent progressivement pour former la Confédération des XIII cantons, au début du 16e siècle.
Toutefois, après la défaite de 1515, la Suisse ne s’implique plus guère dans les vicissitudes du continent européen. Résistant à la pression des dignitaires religieux, les Suisses s’abstiennent de prendre parti dans la Guerre de Trente Ans (1618-1648) qui voit s’opposer catholiques et protestants. Ce refus de soutenir l’un des deux camps constitue le premier signe d’une volonté de neutralité, laquelle sera reconnue internationalement le 20 mars 1815.
Depuis lors, la volonté d’indépendance et de neutralité des Suisses est restée inflexible. Elle est rendue possible et confortée par une véritable solidarité intercantonale, dont les principaux ingrédients sont le respect des minorités, les équilibres économiques et fiscaux entre cantons, la formule magique et la démocratie directe.
Tout le contraire de l’UE, à laquelle bien des pays n’ont adhéré que pour en tirer un maximum d’avantages en y contribuant le moins possible; où les Etats membres se battent comme des chiffonniers à chaque négociation du budget communautaire; et où le Conseil européen se livre aux pires manigances pour faire élire à la tête des institutions les personnes les moins qualifiées et les plus manipulables.
On pourrait s’attendre à ce que tant de déficience identitaire et de défaillances institutionnelles inspirent une certaine humilité aux responsables de ce château de cartes qu’est l’UE. On en est très loin!
Croyant compenser son impuissance par un excès d’arrogance, l’UE prétend imposer à la Suisse un accord-cadre institutionnel qui réduirait notre pays à une colonie du centre de l’Europe. Tout comme elle tente d’imposer un accord sur le Brexit qui insulte la souveraineté et la dignité du peuple anglais. Même refus de toute renégociation dans des situations pourtant totalement bloquées, mêmes dates butoirs arbitraires et inapplicables… Les deux dossiers dévoilent, avec une semblable brutalité, les contours de l’impérialisme européen.
Ceux qui aujourd’hui, en Suisse, se disent prêts à céder au chantage de l’accord-cadre, ou même qui préconisent l’adhésion de la Suisse à l’UE, montrent par là-même leur totale incompréhension des enjeux historiques, à l’origine de l’extraordinaire succès de notre pays depuis plus de sept siècles.
Lena LIO
Ancienne députée, ancienne diplomate
Candidate au Conseil national, UDC