Parti du café des Petits-Plats
En direction de la Combe des Begnins,
Le promeneur s’en va à grands pas.
Sur ce chemin que juste on devine,
Pénible, très forte est la pente,
Bordée de plantes luxuriantes.
Le souffle un peu court,
Le voici à mi parcours
Près de cette vierge sertie dans le rocher
Par quelque antique Bois-d’Amonier.
A peine fatigué,
Il s’assied;
S’allonge et pique un somme
Bercé par la brise de l’automne.
Soudain
Cré matin!
Un coq au plumage éclatant
Se pose sur le monument.
« Salut, visiteur,
Quel grand bonheur!
On va pouvoir prendre le temps
De discuter quelques instants.
Tu sais que cela va être interdit
De se promener dans ce coin de pays.
De cette grande forêt je suis le roi
Donc pour me protéger on édicte des lois.
Je profite de ma liberté
L’humain, lui, est fort surveillé. »
Il ajoute d’un air narquois:
« L’ami prends garde à toi!
La police de la faune
Quadrille toute la zone. »
Puis, un brin goguenard:
« Fais bien gaffe au radar!
En continuant dans cette sombre lande
Tu risquerais une belle amende.
Vouloir aller jusqu’à Pince Motte
Augmenterait fortement la note.
Pour avoir dérangé des gallinacés
Tu risquerais d’être jugé.
Et provoquer l’envol d’un couple de pinsons
Te vaudrait pour le moins trois jours de prison! »
Après quelques secondes de silence
Il constate: « Il n’y a plus de bon sens!
Je te vois dans une grande peine
Devant toute cette bêtise humaine. »
Avec un petit clin d’œil
Et une pointe d’orgueil,
En battant des ailes, le coq lui dit:
« Mon nouvel ami, vraiment je compatis. »
Puis, poussant un cri perçant,
Il s’enfuit du côté du Couchant.
Le marcheur se réveille et cligne des yeux,
Surpris des propos plein de tendresse
D’un tétras qui ne connaît pas le stress
Et paraît on ne peut plus heureux.
Il reprend son chemin tout en comprenant
Que dans ce secteur
Qui lui tient à cœur
Il ne reviendra pas avant le printemps.
De cette fable qui ne veut que faire sourire
Par une moralité il faut bien finir.
Obnubilés par la protection du monde animalier
Certains sont persuadés qu’eux seuls ont la vérité.
On manque un peu de réflexion et de raison
Dans ce pays où fleurissent les interdictions.
Le Petit Promeneur