Le 11 novembre, les Rencontres Culturelles de la Vallée de Joux accueillaient la pianiste Akiko Shirogane pour un intense récital Schumann Beethoven. Un rendez-vous romantique qui a impressionné les nombreux amoureux du piano présents.
Auréolée de distinctions dans sa carrière de soliste, l’artiste hélvetico-japonaise offrait un récital de qualité aux mélomanes venus l’écouter à l’Eglise du Lieu.
Dans le cadre de la préparation à un enregistrement, la professeure de piano de Genève n’avait pas choisi la facilité en présentant deux grandes œuvres de très haute difficulté.
Elle débutait par les délicieuses «Scènes d’enfants» une œuvre touchante de Schumann, très agréable d’écoute, faite de simplicité et d’exubérance à la fois et illustrant bien le titre de chaque morceau. Interprétée avec beaucoup de finesse, la partition date pourtant d’une période tourmentée de la vie du musicien, contrastant ainsi avec le caractère apaisé de l’œuvre, où Schumann, amoureux de Clara Wieck, se voit refuser sa main par son père.
Suivait la 32e et dernière sonate pour piano écrite par Beethoven à une époque ou il était déjà sourd. Elle apportait un contraste saisissant par sa sévérité et complexité, une œuvre tardive de grande maturité en deux mouvements, d’une difficulté certaine, témoin de l’évolution moderniste du génie de Beethoven, avec de nouvelles ruptures rythmiques précurseuses du jazz, pièce magnifiquement maîtrisée par la pianiste.
Le concert concluait sur un retour à Schumann dans son cycle Kreisleriana composé pour Clara, mais dédié à Frédéric Chopin, exprimant peut-être les conflits intérieurs d’un homme et d’une femme épris l’un de l’autre, avec les états d’âme changeants. Composition intense d’une demi-heure dont Schumann disait à Clara: «… musique bizarre, musique folle, voire solennelle… dans certaines parties il y a un amour vraiment sauvage, et ta vie et la mienne et beaucoup de tes regards…».
Considérée comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre pour piano du compositeur et de la musique romantique, l’œuvre concluait un long récital brillamment interprété. Joué totalement par cœur sur le magnifique piano de concert de l’Ecole de musique, l’artiste était récompensée des applaudissements d’un nombreux public réceptif et plein d’admiration.
RCVJ