Après avoir présenté jeudi dernier cet ensemble de jeunes musiciens et leur marche pédestre de Lausanne au Lieu après avoir gravi le Mont Tendre (!), Josquin Piguet, cornettiste, nous présente le programme de leur concert au Lieu:
Dimanche 14 octobre le programme du concert de l’ensemble Capella Itineris nous fera partir «sur les traces des trompettes d’église». Ces ensembles instrumentaux remplaçaient au XVIIIe s. les orgues bannies des temples depuis la Réforme.
La pratique arriva de Berne, qui en 1581 déjà fit appel à un ensemble formé d’un cornet à bouquin et trois sacqueboutes (trombones) pour accompagner les fidèles.
A la Vallée de Joux ces ensembles connurent un grand succès. C’est au Chenit notamment que dès 1727 quatre instrumentistes (tous quatre fils du sieur Abram Meylan) accompagnèrent régulièrement le chant des Psaumes le dimanche ainsi qu’à d’autres occasions. La tradition se perpétua jusqu’en 1838, soit sur plus d’un siècle. Durant cette période l’ensemble de «Trompettes» du Chenit servit d’exemple à d’autres paroisses.
Au Lieu, une première tentative d’introduire l’accompagnement du chant par les «Trompettes» est faite en 1727 déjà mais ne semble pas concluante. Ce n’est qu’en 1747 que cette pratique est adoptée et ce jusqu’en 1842.
La fonction de «Trompette» était prise très au sérieux et faisait généralement l’objet d’un règlement paroissial ou communal. Les musiciens s’engageaient à observer une conduite honnête et sage, à prendre soin de leurs instruments (propriété de la commune) et à former tous ceux qui se présenteraient à eux afin d’assurer la relève.
Le mot «Trompettes» est utilisé comme terme générique, car différents instruments étaient utilisés: soit des instruments de la famille des cuivres (trombones et parfois cornet à bouquin) soit de celle des bois (différentes tailles de hautbois et bassons). A noter qu’à Vaulion, le seul ensemble de «Trompettes» encore en activité au début du XXe s. actualisa son instrumentarium (cornets à pistons, clarinettes, cors, trombones,…) vers le milieu du XIXe s.
Notons pour finir que les «Trompettes» ont laissé quelques traces toponymiques. Par exemple, l’endroit où vivaient les frères Meylan est encore aujourd’hui appelé «Chez Trompette».
Marcel Piguet