Cette injonction figurant sur la brochure gracieusement offerte par la direction générale de l’environnement (DGE) concernant le district franc fédéral du Noirmont me rappelle la réflexion de Montaigne il y a cinq siècles «les lois les plus désirables sont les plus rares, plus simples et générales».
Nous sommes tous d’accord sur le but, mais les moyens d’y parvenir sont discutables. Les citoyens directement concernés par les multiples interdictions de passages, et autres mesures contraignantes, ont-ils été entendus lors de «l’élaboration du plan de gestion menée par un comité consultatif incluant cinq communes, et avec consultation de 180 entités» selon le communiqué de la DGE?
Certains pensent que les possibilités de balades hivernales sont suffisantes dans le Jura, et que les atteintes à la liberté de quelques promeneurs sont justifiées et acceptables.
Il faut rappeler l’excellent article (FAVJ) de monsieur Bernard Reymond, surveillant de la faune durant 37 ans qui dénonce le caractère excessif des mesures imposées par la DGE. D’accord pour les restrictions concernant le ski hors-piste, le parapente, les drônes et autres loisirs discutables dans les alpes, mais en quoi le passage à skis de fond, ou raquettes, sur des itinéraires établis de longue date peut-il menacer la faune?
J’ai personnellement souvent parcouru, en raquettes principalement, le trajet de la route du Marchairuz jusqu’au Grêlon; le premier km sert de WC pour chiens, puis les traces de promeneurs s’amenuisent progressivement. Je n’ai croisé que quelques randonneurs, et aucun animal. Pas de traces humaines hors des «pistes» que les animaux utilisent volontiers, par économie d’énergie sans doute.
J’aimerais souligner l’incohérence de stratégie de nos autorités, qui cautionnent d’une part la création du site ultra protégé du Noirmont, et d’autre part l’implantation d’éoliennes ailleurs dans le Jura. En quoi la faune des Grands Plats, attenants au site du Noirmont, est-elle moins caractéristique, ou plus résistante aux nuisances?
De la Vallée de Joux au Creux du Van, 115 éoliennes géantes seraient prévues paraît-il. Suffisamment d’études montrent que l’installation et l’exploitation des éoliennes provoquent des nuisances importantes et avérées pour les êtres vivants: vibrations, infrasons, turbulences, et cela sur des distances importantes. La faune est donc directement concernée sur des surfaces considérables. Qu’en pensent les protecteurs de cette dernière?
Ces sites fédéraux de protection de la faune seraient-ils donc prévus pour servir de refuges aux animaux sauvages fuyant les nuisance des
éoliennes?
Vu l’évolution du marché de l’électricité, il serait judicieux de soutenir l’énergie hydraulique, de promouvoir le solaire et les économies d’énergie, puis d’attendre les résultats de ces mesures avant d’abîmer nos paysages avec des éoliennes.
Dr Patrice Francfort,
médecin-vétérinaire
et baliseur officiel
Les Bioux le 18 mars 2018