Notre belle Vallée est dynamique. Sa population, dure à la besogne, a su créer une industrie florissante. Les plus prestigieuses manufactures horlogères et de microtechnique sont bien présentes dans ce Haut-Jura.
Dès les années 30 du XXe siècle, nos aïeuls se dirent que notre région devait se doter d’un hôpital digne de ce nom, afin d’assurer des soins de qualité à notre population, ce qui fut fait, avec une aide substantielle de nos amis de Bois d’Amont.
Le monde évolue, les choses changent.
Les Docteur Rochat, LeCoultre, Crivelli et bien d’autres, des personnalités extraordinaires qui ont su faire progresser et développer les prestations que notre établissement a pu offrir à la population combière.
Le monde évolue, les choses changent.
Pas toujours en bien!
Seulement cinq décennies après son inauguration, voilà que de sombres nuages planent sur le toit vénérable de notre hôpital. C’est, bien sûr, de gros sous qu’il s’agit. La population combière se mobilise. Le groupe de soutien «MON HÔPITAL POUR LA VIE» est allé jusqu’à lancer une initiative populaire pour sauver ce qui pouvait l’être encore, qui a échoué de très peu.
On connaît la suite. Alors que Ste-Croix et Château-d’Oex se battent pour leur indépendance, La Vallée tombe dans l’escarcelle de St-Loup (le ResHo), avec pour conséquence la perte de son autonomie, de son patrimoine immobilier et le licenciement de M. Brant.
Le ResHo succombe et, ô merveille, voici le sauveur eHnv (c’est joli, ce jeu de minuscules et de majuscules,
resHo, eHnv, mais je me demande combien ça a couté en graphistes et autres consultants).
St-Loup avait la dent aiguë, mais les eaux thermales n’adoucissent pas les mœurs, elles sont de plus redoutables prédateurs que le loup!
A Yverdon, on assiste, effarés, à une étonnante valse au sommet, déjà trois directeurs…
Pendant ce temps, d’un coup d’éponge, on efface la mammographie. Désormais pour faire du dépistage du cancer du sein, on descend! eHnv (site Yverdon) se frotte les mains, les dames moins.
On dépense, on dépense sans compter pour être ISO 9000 et plus encore, on imprime une charte de QUALITé… Pas de flux laminaire, pas de chirurgie orthopédique à La Vallée…
Crédit riquiqui pour renouveler des appareils de radiologie, promesse de scanner, promesse, promesse… ISO 9000 ce n’est pas ce qu’on croit.
Mais, en gros l’infrastructure, ça va à peu près: on trouve des PC partout!
Pour le personnel, c’est une autre affaire, le personnel, c’est la bête noire aux eHnv, le personnel, ça pense, ça réfléchit, ça observe et ça conteste…!
Surtout pas d’initiative personnelle, c’est mal vu, très mal vu…
Le directoire d’Yverdon, ça a des petits airs de LL. EE., ça dicte, ça tranche, ça ne discute pas. On se prosterne, sinon, le billot… Il n’y a pas beaucoup de Major Davel par ici, mais les têtes tombent quand même, et pour les victimes, ce n’est pas le plus beau jour de leur vie!
L’infirmier chef adjoint, on le forme à grand frais pendant plusieurs années et… à la porte.
L’ICUS de chir… retraite anticipée, on a besoin de la place pour un Terminator.
Les ICUS du 1er et du 3e étage…reconvertis ou dégradés.
Valse des chefs à la physio, non remplacement des cadres au labo et en radio.
Quant au personnel peu qualifié, ça valse et ça fait mal!
Le personnel: découragement et démotivation, les cas de burn-out se multiplient.
Pourquoi?
Ben… voyons! La concentration du pouvoir sur le site, sur une seule personne nouvellement arrivée, qui ne connaît rien de notre histoire, sans états d’âme, ça permet de trancher dans le vif!
C’est qu’il faut se dépêcher: Le projet pôle santé avance à grands pas, il faut bien un peu fracasser avant! 7’000 patients potentiels, c’est une aubaine à ne pas négliger pour Yverdon!
Mais ces sacrés Combiers pourraient bien s’apercevoir que Morges n’est pas si loin, voire Nyon, en accès direct par le train depuis la Cure.
Peu importe la sous-dotation chronique scandaleuse, en particulier à l’hébergement.
On improvise, on demande toujours plus du personnel exténué.
Déjà une fermeture de nuit un WK au CMC. Est-ce une répétition générale pour voir?
On change pour changer. Pour cela, on dispose d’une nuée de «chefs transverses» qui, comme autant d’Aristobulus Ursiclos, savent tout sauf l’essentiel, n’écoutent rien.
On engage de nouveaux cadres, divinités secondaires, certes, mais funestes, ayant pouvoir de tout bouleverser, leur promettant, sans doute, un petit coin de l’Olympe si la ruine est bien fumante.
Le nuage noir ne plane pas que sur La Vallée. Tout le Nord Vaudois est concerné par cette détestable ambiance. Rappelons-nous les articles publiés dans la presse au sujet de l’ambiance délétère au bloc Op d’Yverdon, à St-Loup.
Face à ce management par la terreur, le personnel ne reste pas passif. Cependant si on tient à son gagne-pain, il s’agit de faire gaffe.
Le syndicat UNIA s’agite, il s’est engagé fortement dans l’action.
Une lettre de protestation et de revendications a été envoyée à la direction fin décembre, munie de plus de 400 signatures. Il faut cependant dire que les signatures ont été certifiées par acte notarial, mais non communiquées au destinataire… Décidément, la confiance envers la direction règne aux eHnv.
Avec ceux d’Yverdon, si tu veux garder ton travail, tu la fermes, tu ne souris pas et tu caresses dans le sens du poil.
Tu ne prends pas d’initiatives, tu acceptes la dégradation des conditions de travail et du catalogue des prestations, tu ne mouftes pas devant le démantèlement systématique de ton outil de travail.
Le résultat de cette gestion mortifère, c’est des situations de détresse, de burn-out qui se multiplient parmi le personnel.
Que nous réserve l’avenir? On entend beaucoup de choses, un beau projet: Le pôle santé Vallée de Joux.
Une séparation d’avec eHnv?
Non!
Est-ce possible alors qu’ils sont propriétaires des bâtiments, de l’infrastructure, qu’ils contrôlent toute l’administration, les RH, la facturation?
Le pôle santé, c’est un statut de locataire et d’administré, si on ne prend pas garde!
Une commission de pilotage travaille depuis 2016 sur la mission du pôle santé. Objectif: coordination des différents partenaires santé de La Vallée. Excellente initiative, sauf que les rapports inter-services, c’est surtout une affaire de personnes, pas de structures.
Des statuts ont été rédigés. Ils sont très beaux! Hélas, ils ne disent rien des compétences du pôle. Gestion des ressources, du personnel, achat d’appareils, projets, etc…
Il y a, à La Vallée une volonté d’indépendance. Mais qu’en penser, alors que ceux dont on veut se rendre indépendants sont partie prenante du projet?
C’est le renard qui pointe ses moustaches dans le poulailler.
Bien sûr, un pôle santé autonome est souhaitable. Le vote unanime du Conseil communal de la commune de L’Abbaye, le 12 décembre dernier en témoigne, et je souhaite que les conseils des deux autres communes fassent de même.
Cependant, soyons très attentifs, notre hôpital est réellement menacé dans son intégrité.
La gestion du personnel est proprement scandaleuse, c’est copain-
copain en haut. En bas, c’est le bâton, pas la carotte et, pôle santé ou non, rien ne permet de croire à un changement dans ce domaine.
Ce que nous risquons de bientôt découvrir, c’est que nous pourrions ne plus avoir comme prestataire de soins, qu’un hôpital Canada Dry, ça aura l’air d’un hôpital, ce sera présenté comme un hôpital mais ce ne sera plus un hôpital.
Ou, en étant optimiste, un rotoyon d’hôpital.
Si nous ne voulons pas de ça, mobilisons-nous.
Prenons conscience qu’il s’agit de maintenir des prestations médicales de qualité, nécessaires aussi bien pour la population que pour notre économie régionale.
Je ne prétends pas tout connaître de ce qui ce passe dans ce milieu opaque. Ce que je sais de sûr, c’est la souffrance des femmes et des hommes qui se donnent de toutes leurs valeurs professionnelles, sans cesse remises en question, d’être harcelés corps et âme dans leur travail.
Eric Rochat
Technicien en Radiologie Médicale