Après l’émission «Mise au point» de la RTS du 20 août dernier, l’évolution du service postal helvétique a de quoi inquiéter le citoyen, usager de ce service jadis si performant… La suppression drastique d’offices postaux, parfois dans une cité de 3000 habitants, et leur remplacement par des agences, ouvertes quasi 7 jours sur 7 comme le fait remarquer la propagande du nain jaune, n’améliore réellement pas vraiment le service à la clientèle: retraits d’argent restreints, attentes pénalisant les acheteurs des produits du commerce-agence, discrétion aléatoire, absence de cases postales, qui péjore peu à peu la presse écrite quotidienne, quand le journal du matin arrive à la mi-journée, etc…
Parallèlement à cette stratégie, force est de constater que les petits commerces de nos villages, avec des produits de qualité, ferment les uns après les autres, faute de repreneurs. Ils sont victimes des grandes surfaces commerciales, qui ont passablement proliféré en ce début du 21e siècle, et qui jouent sur la mobilité de la majorité des clients. Et ce n’est pas en acceptant d’accueillir une agence postale qu’un petit commerce va faire exploser son chiffre d’affaires: «Mise au point» nous apprend avec stupéfaction les sommes dérisoires attribuées aux braves commerçants qui mettent une partie de leurs locaux à disposition de la Poste et y consacrent une importante fraction de leur force de travail. Pour de telles responsabilités, en cumulant diverses prestations, la régie nationale offre généreusement, en moyenne, 1500.- fr. par mois! Pour ce travail supplémentaire, il faudrait parfois engager une personne à mi-temps… Mais pour la modeste somme qu’il touche, comment voulez-vous que le commerçant engage du personnel auxiliaire? En réalité, il travaille quasi pour du beurre et fait preuve d’un remarquable sens du dévouement, afin de servir ses concitoyens. Et la Confédération, qui fixe 650 millions de bénéfice annuel pour la Poste, ne fait que dévoyer peu à peu le rôle de service public de cette institution… Laquelle n’hésite pas à exploiter -le mot n’est pas trop fort- ceux qui se mettent à son service et… au nôtre. C’est facile, dès lors, de se glorifier de réaliser un excellent chiffre d’affaires: quand on supprime le prix de location de tel ou tel office, qu’on économise 2 ou 3 salaires d’employés bien formés, on réalise évidemment d’énormes économies, par rapport au maigre demi-salaire qui est généreusement versé à telle ou telle agence… Et, par la publicité, on essaie de faire croire au citoyen qu’il est gagnant! Quelle hypocrisie… Il serait temps, en haut lieu, qu’on stoppe l’hémorragie. Il semble que la résistance s’organise, du côté de Berne. Quand les avancées sociales en tous genres subissent de perverses attaques au nom du fric, faut-il vraiment, chers lecteurs, se laisser manger tout crus?
Herbé