Temple du Brassus – Festival de musique du Haut-Jura
Le 25 juin dans le cadre de leur traditionnelle collaboration franco-suisse, les Rencontres culturelles locales et le festival voisin accueillaient l’ensemble «Le Concert de la Loge» du violoniste Julien Chauvin accompagnant la magnifique soprano de Chantal Santon. Un rendez-vous qui a enthousiasmé les quelque 160 festivaliers présents.
D’emblée, le chef violoniste annonçait la structure modifiée du programme avec le renoncement à la symphonie de Haydn, pour regrouper la musique espagnole à la cour d’Espagne au XVIIIe siècle des exilés italiens Boccherini et Corselli, oeuvres enchaînées sans interruption. Un beau mouvement d’une symphonie de Boccherini introduisait solennellement les 3 strophes des Lamentations du Jeudi Saint de Francesco Corselli puis les 11 parties du Stabat mater de Boccherini, chantées avec beaucoup de sensibilité par l’éminente soprano. Le style de Corselli étant très proche de celui de Boccherini, on avait l’impression d’entendre une seule oeuvre complète, dans laquelle on ne retrouvait cependant encore aucune influence réelle de la musique espagnole. Par contre, l’évolution du baroque vers le classicisme se traduisait par le renoncement du clavecin continuo. Boccherini grand violoncelliste lui-même incluait dans la formation accompagnatrice traditionnelle du quatuor de cordes un deuxième violoncelle. Ce dernier concertait sublimement avec la soliste, apportant cette couleur chatoyante des cordes basses de l’alto et deux violoncelles, que le compositeur utilise couramment dans ses célèbres quintettes à deux violoncelles, formation dont il a été l’initiateur. Le magnifique timbre ambré de Chantal Santon transmettait avec justesse et émotion la douleur et l’affliction maternelle de la vierge.
Entraînés par Julien Chauvin, les cordistes de la Loge ont été remarquables dans l’accompagnement de la soprano, une sensibilité toute musicale, beaucoup de nuances dans un dynamisme virtuose, montrant une connivence entre les musiciens d’un ensemble bien soudé.
Subjugué par la qualité de la musique et de son interprétation, les auditeurs sont restés d’un bout à l’autre «scotchés» dans une écoute concentrée, se libérant lors de longues ovations aux exécutants, récompensées par un bis de l’un des mouvements rapides du Stabat mater.
RCVJ